Les épargnants en quête de rendement à moindre risque vont devoir faire preuve d'imagination. En effet, jusqu'ici, leur Livret A pouvait apparaître comme le placement idéal, avec un capital garanti à 100%, une disponibilité des fonds à tout moment et un taux net de fiscalité de 2,4% depuis le 1er février dernier. Hélas, si ce rendement a pu culminer à 3% entre le 1er août 2023 et le 1er février 2025 à la faveur d'une inflation élevée, il est désormais amené à irrémédiablement baisser, à mesure que la hausse des prix marque le pas. Ainsi, on peut s'attendre à ce que le taux du Livret A chute encore à 1,7% le 1er août prochain.

Or, cette baisse de rendement va également concerner des alternatives habituelles au Livret A, comme les livrets bancaires classiques - les «super livrets» -, ou encore les comptes à terme, dont les taux sont également sensibles au repli de l'inflation. Pour conserver une rémunération attractive, les épargnants les plus prudents devront donc accepter de prendre un peu plus de risque, ou d'immobiliser plus longtemps leurs économies.

Le fonds euros de l'assurance vie : l’alternative naturelle au Livret A

Première alternative «naturelle» au Livret A : l'assurance vie, et plus précisément les fonds euros, des supports d'investissement à capital garanti, qui vous assurent donc, comme sur votre Livret A, de toujours pouvoir récupérer au minimum les sommes déposées. En termes de prise de risque, vous ne perdrez donc rien par rapport à votre Livret A, pas plus qu'en matière de liquidité, puisque votre capital est également disponible à tout moment (moyennant un délai de quelques jours à une semaine pour récupérer les fonds sur votre compte).

En prime, niveau rémunération, les fonds en euros se défendent, avec, en moyenne, un rendement de 2,6% en 2024. Soit 2,15% net de prélèvements sociaux, car à la différence d'un Livret A, les intérêts sont soumis à la fiscalité. Pour obtenir un rendement net supérieur, il faudra ainsi choisir parmi les meilleurs contrats du marché, qui ont servi jusqu'à 4,65% sur leurs fonds euros en 2024 : «Aujourd’hui, il existe des offres 100% fonds euros très attractives. Certains contrats permettent d’obtenir des rendements boostés jusqu’à 4,5%, sur un produit liquide, garanti en capital et bien mieux rémunéré que le Livret A, et ceci sans prendre davantage de risque», résume Antoine Delon, président du courtier Linxea. Les Français ne s'y sont d'ailleurs pas trompés, puisqu'ils troquent massivement leur Livret A pour l'assurance vie en ce début d'année.

Les SCPI : à condition de renoncer à la liquidité

Deuxième alternative qui pourrait revenir en force dans les prochains mois : les sociétés civiles de placement immobilier (SCPI). Ce placement consiste à acquérir des parts dans un fonds d'investissement qui va acquérir de l'immobilier professionnel (bureaux, commerces, logistique, etc.) et reverser une part des loyers à l'investisseur. Certes, à la différence d'un Livret A ou d'une assurance vie en fonds euros, ce placement fait courir un risque de perte en capital, mais il affiche un niveau de risque modéré (avec un indicateur synthétique de risque placé à 3/7 ou 4/7). De même, l'immobilier étant en investissement de long terme, il faudra aussi accepter de ne pas récupérer le capital investi avant quelques années, généralement au moins 5 à 8 ans.

Néanmoins, avec ces contraintes à l'esprit, vous pouvez viser une rémunération bien plus substantielle que sur votre Livret A. En 2024, le marché des SCPI a affiché un rendement moyen de 4,72%, qui a pu monter, pour les meilleurs produits, jusqu'à plus de 10%. Ce qui peut en faire un placement très attractif pour un niveau de risque contenu : «Avec la baisse de rendement accusée par les investissements à moindre risque, et la reprise attendue du marché immobilier, on voit de nombreux clients qui s'intéressent de nouveau à cette classe d'actif», confie Olivier Herbout, co-fondateur de la plateforme d’investissement Ramify. Il faudra seulement être vigilant à la fiscalité des SCPI 100% françaises : les revenus fonciers sont en effet soumis à l'impôt sur le revenu selon la tranche marginale d'imposition (TMI, de 0% à 45%), à laquelle s'ajoutent les prélèvements sociaux au taux de 17,2%.

Les obligations : des performances attractives et un risque limité

Enfin, il reste également possible de tirer profit des rendements attractifs des obligations cette année. Investir dans une obligation consiste à prêter de l'argent à un Etat ou à une entreprise, qui, en échange, vous verse à échéances régulières des intérêts (le «coupon»), et vous rembourse la totalité du capital prêté à l'échéance. L'avantage, c'est que vous pouvez choisir le niveau de risque souhaité et le rendement assorti. Prêter actuellement à des Etats ou à de grandes entreprises (notées «investment grade») peut vous rapporter 3% à 4%. En vous aventurant sur des obligations d'entreprises plus risquées (notées «high-yield»), vous pouvez viser jusqu'à 7%. Gardez en tête que les intérêts sont soumis au prélèvement forfaitaire unique (ou flat-tax) de 30%.

Pour ce faire, deux possibilités. Investir dans des fonds obligataires (qui souscrivent eux-mêmes un panier de plusieurs obligations d'Etats et d'entreprises) en direct, via votre compte-titres, ou les unités de compte (UC) de votre assurance vie. «Certains fonds disponibles en assurance vie visent des performances supérieures à 5% à l’horizon 2031, comme le fonds Carmignac Crédit (qui investit dans un mélange d'obligations d'Etats et d'entreprises, NDLR), avec un niveau de risque noté 2/7», appuie Antoine Delon. Seconde possibilité : investir directement dans les obligations de votre choix «à l'unité», via votre compte-titres. Dans les deux cas, les fonds et obligations étant des titres cotés en Bourse, vous pouvez retirer votre investissement aux heures d'ouverture des marchés financiers.

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