
Les 2,7 millions de Français en attente d’un logement social doivent s’armer de patience. En 2024, seulement 384 000 logements sociaux ont été attribués à des ménages, soit une baisse de 2,3% par rapport à 2023, indique l’Agence nationale du contrôle du logement social (Ancols), ce lundi 28 avril, lors d’une conférence de presse. «Ce résultat correspond à celui de l'année 2020, marquée par l'impact du Covid-19 (sur la construction de HLM, avec l’interruption de chantiers, NDLR), faisant d’un résultat obtenu dans un contexte de crise sanitaire une nouvelle norme», souligne l’Ancols. Parallèlement, le nombre de demandes de logements sociaux a augmenté de près de 5% l’an dernier, comme c’est le cas chaque année depuis 2020, à plus de quatre millions. Mécaniquement, le taux d’attribution de HLM est tombé à 9,4% en 2024, contre 10,1% en 2023.
«Le taux d’attribution atteint un niveau historiquement bas, passant pour la première fois sous la barre des 10 %», met en exergue l’Ancols. En baisse de 0,7 point par rapport à 2023, ce ratio a plongé de 5,8 points depuis 2016, lorsqu’il dépassait encore les 15%. Il faut dire «qu'en près de 10 ans, le nombre d’attributions a diminué de plus de 20%, soit 100 000 logements attribués en moins par rapport à 2016», selon l’Agence. Cette diminution s’est accélérée à partir de la crise sanitaire de 2020, avec une baisse du nombre d’attributions de 20 000 par an en moyenne entre 2021 et 2023, contre environ 11 000 par an entre 2016 et 2019.
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Baisse de la rotation et de la construction de logements sociaux
Avec 9 000 attributions de moins, la baisse est toutefois moins marquée en 2024 qu’en 2023 et 2022, quand elles avaient respectivement chuté de 25 000 et de 18 000. Mais «il est encore trop tôt pour conclure à une stabilisation structurelle» du nombre d’attributions de HLM, estime l’Ancols. Selon elle, la diminution du volume des attributions ces dernières années résulte de la baisse de la mobilité des ménages au sein du parc social et du recul régulier de la construction de HLM. «La rotation (rapport entre le nombre d’emménagements dans l’année et l'ensemble des logements existants, NDLR) représente 80% à 85% de l’offre de logements sociaux», rappelle Baptiste Prestel, directeur des études transversales de l’Ancols.
Or le "turn-over" du parc social ne représente plus que 8,1% contre 9,8% en 2018. Baptiste Prestel voit dans cette baisse de la rotation «sans doute la difficulté d’accéder à la propriété et au marché locatif privé», après deux ans et demi d’une crise immobilière provoquée par la flambée des taux de crédit, qui a contraint beaucoup de ménages à renoncer à leur projet d’achat et à demeurer locataires. Quant au nombre de HLM «mis en service», il a été ramené de 75 000 en 2018 à 63 000 en 2023, dans le contexte d’une crise de l’offre de logements qui dure depuis 2017, bien des maires étant réticents à délivrer des permis de construire, notamment pour lutter contre l’artificialisation des sols.
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Une forme de congestion du système d’attribution de HLM
L’Ancols constate donc «une inadéquation croissante entre l’offre et la demande de logements sociaux, entraînant un allongement des délais d’attente et une saturation progressive du système». De nombreux ménages maintiennent donc leur demande de logement social durant plusieurs années. Le taux de renouvellement de la demande après un an a ainsi atteint 49 % en 2024, soit 8 points de plus qu’en 2016. De la même façon, après deux ans, 70% des demandes sont reconduites, soit une hausse de plus de sept points depuis 2016. Ce qui «confirme une forme de congestion du système d’attribution», insiste l’Ancols.
Parmi les différentes catégories socio-professionnelles, les salariés demeurent les plus nombreux, représentant au moins 40,4% des demandes de HLM. Leur taux d'attribution, bien qu'en légère baisse à 10,7% en 2024 (-0,9 point), reste le plus élevé par rapport aux autres catégories socio-professionnelles. Les chômeurs rencontrent davantage de difficultés, avec une augmentation de 5,4% de leurs demandes et un taux d'attribution relativement faible (6,9%). Les étudiants font face à la baisse la plus marquée du taux d’attribution (-1,5 point en 2024), presque trois fois plus importante que celle des demandeurs en situation de chômage.
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