“Plutôt qu’aux locataires et squatteurs, attaquez-vous à la crise du logement” ! Dans une tribune publiée la semaine dernière par le journal Libération, une dizaine d’associations ont vertement critiqué la proposition de loi anti-squat portée par la majorité présidentielle et le député Renaissance Guillaume Kasbarian. Le texte, dont l’examen en séance de l’Assemblée nationale devrait débuter le 28 novembre, vise à durcir les sanctions encourues par les squatteurs de logements et à revoir les mécanismes d’expulsion de locataires en situation d’impayé. Une initiative bienvenue selon certains observateurs, pour qui les mécanismes de protection des propriétaires sont insuffisants. Mais le texte manque largement sa cible et risque surtout de faire exploser le nombre de contentieux et d’expulsions de locataires de bonne foi.

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Car le premier danger de ce texte, selon ses détracteurs, est justement qu’il assimile, sous le vocable “occupation illicite de logement”, deux situations bien différentes : le squat et l’occupation sans droit ni titre. Un squatteur est une personne qui s’introduit illégalement dans un logement. Un occupant sans droit ni titre est, lui, souvent, un locataire qui, pour diverses raisons, se retrouve dans l’incapacité de payer le loyer et dont le bail est résilié. “Le plus souvent, un locataire en situation d’impayé est une personne en difficulté, quelque part victime du sort. Et ce qui le motive à rester dans le logement, c’est d’éviter de se retrouver à la rue. Le placer sur le même terrain juridique qu’un squatteur est très problématique”, juge un spécialiste.

Délit d’occupation sans droit ni titre

En ce sens, selon les acteurs interrogés, la proposition de loi fait fi du droit au logement pour protéger le droit de propriété. Son article 3 propose par exemple de créer un délit d’occupation sans droit ni titre, puni de six mois d’emprisonnement et de 7.500 euros d’amende, lorsqu’une personne se maintient dans un logement malgré un commandement de quitter les lieux. Une telle mesure est-elle de nature à libérer le logement occupé ? A priori non, surtout en zones tendues où l’occupant n’a pas d’autre solution de relogement. “Dans 99% des cas, une personne qui fait l’objet d’un commandement à quitter les lieux reste dans le logement”, observe Romain Rossi-Landi, avocat spécialiste de ce type de contentieux, qui a été auditionné par le rapporteur du texte.

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