L’algorithme d’Uber pourrait être en train de remodeler discrètement les règles du jeu pour ses chauffeurs comme pour ses passagers. C’est ce que suggèrent deux études relayées par BFMTV, qui interrogent le fonctionnement économique de la plateforme. L’une, menée par la Columbia Business School de New York, repose sur l’analyse de dizaines de milliers de trajets et de plus de deux millions de demandes. Elle décrit un système de « discrimination tarifaire algorithmique » qui augmenterait les prix pour certains clients, tout en réduisant la rémunération versée aux conducteurs. Le tout de manière « systématique, sélective et opaque ».

Selon les chercheurs, Uber tire parti de la tarification à l’avance pour affiner sa connaissance du comportement des usagers. L’algorithme permettrait d’évaluer combien un passager est prêt à dépenser, ou à quel tarif un chauffeur acceptera une course. En maximisant ainsi sa marge sur chaque transaction, l’entreprise aurait, selon l’étude, « augmenté ses taux de participation, réduit les salaires et amélioré ses flux de trésorerie ». Une stratégie qui profite clairement à Uber : en 2024, la plateforme affiche 6,9 milliards de dollars de bénéfices, après une perte nette de 303 millions deux ans plus tôt.

Des pratiques automatisées qui posent question

Les conclusions de l’équipe américaine rejoignent celles d’une autre étude publiée une semaine plus tôt par l’université d’Oxford. Cette dernière s’est penchée sur la «tarification dynamique» instaurée par Uber en 2023, et ses effets sur le marché britannique. Là encore, les chercheurs constatent une baisse significative du revenu horaire moyen des chauffeurs, tandis que les passagers paieraient en moyenne plus cher leurs trajets. La commission prélevée par Uber atteindrait désormais 29%, et grimperait même jusqu’à 50% dans certains cas, contre 20 à 25% auparavant.

Face à ces accusations, Uber se défend. « Nos algorithmes de tarification dynamique permettent d’équilibrer l’offre et la demande en temps réel pour garantir la fiabilité de la plateforme », assure un porte-parole de l’entreprise. Il réfute toute manipulation discriminatoire des prix : « Ces allégations sont infondées et ne reposent sur aucune preuve concrète. » Reste que ces travaux ravivent les critiques récurrentes sur la transparence des plateformes et la façon dont elles redessinent les conditions économiques d’un secteur entier.