C’est une situation inédite, qui paraissait même inconcevable jusqu’à aujourd’hui. Comme le rapporte RTL, la banque américaine Goldman Sachs vient de relever que sur les marchés financiers, les trois plus grands groupes français empruntaient à des taux d’intérêt plus bas que l’Etat. Le numéro un mondial du luxe, LVMH, celui des cosmétiques, L’Oréal, ainsi que l’avionneur européen Airbus, ont davantage la confiance des prêteurs que le ministre des Finances, a appris le Financial Times. Ce n'était alors jamais arrivé.

Selon nos confrères, cela signifie tout simplement que ces trois groupes sont considérés comme plus crédibles que le ministre de l’Economie et des Finances et surtout qu’ils peuvent rembourser plus facilement que l’Etat. D’autant plus inédit comme situation, qu’il y a encore quelques mois, LVMH empruntait encore à un taux plus élevé. L’Etat, en particulier la France, dispose pourtant d’un des meilleurs taux de recouvrement au monde.

Bonne nouvelle pour les grandes entreprises, pas pour les petites

En outre, une entreprise, aussi grande soit-elle, est normalement davantage exposée. Mais la situation politique des derniers mois, avec la dissolution de l’Assemblée nationale et les changements de gouvernements successifs ne plaident pas en faveur de l’Etat français. L’augmentation de la dette et la dégradation de la note de la France par Fitch (passant de «AA-» à «A+») n’arrangent rien. Pourtant, l’Etat doit se plier aux exigences européennes, en s’engageant notamment à repasser sous la barre des 3% en 2029.

Comme le rappelle RTL, la France a déjà fait faillite après la Révolution française, mais les deux tiers de sa dette avaient été annulés. En outre, par deux fois, après les deux guerres de 1914-1918 et de 1939-1945, les gouvernements avaient dévalué la monnaie afin de réduire la dette publique, ce qui est aujourd’hui impossible avec l’euro.

Si ces taux d’emprunt plus bas accordés aux grandes entreprises sont une bonne nouvelle pour ces dernières, cela l’est beaucoup moins pour les plus petites qui se centrent sur la France. Cette année, l’Etat doit emprunter plus de 300 milliards d’euros, soit quinze milliards de plus qu’en 2024 et trente de plus qu’en 2023. La dette, qui devrait atteindre 3 500 milliards d’euros cette année, implique ainsi davantage d’emprunts et donc des intérêts en hausse. Ils sont évalués à 55 milliards d’euros.