
Il y a encore quelques années, il était l’éminence grise du président Macron. Aujourd’hui, Ismaël Emelien est à la tête de Zoï, la start-up qu’il a cofondée il y a quatre ans et dont l’offre hybride, à mi-chemin entre expertise médicale, data et coaching de vie, ne cesse de faire des émules. Sa promesse ? Un parcours de prévention personnalisé permettant à chacun – moyennant 3 500 euros – d’identifier ses propres risques et de les circonscrire via un protocole individualisé et un suivi sur mesure.
Avant de cofonder Zoï, vous avez été artisan de l’élection d’Emmanuel Macron en 2017, puis conseiller spécial du président… Racontez-nous.
Ismaël Emélien : J’avais rencontré Emmanuel Macron alors qu’il était encore chez Rothschild et, en 2014, je l’avais rejoint à Bercy comme conseiller. Lorsque j’ai démissionné pour lancer En Marche, on m’a beaucoup dit que je faisais l’erreur de ma vie… Moi, j’y croyais. Avec Julien Denormandie, on a construit le mouvement : la structure, le contenu, les actions…Côté financier, tout reposait sur les dons, il fallait convaincre, c’était très entrepreneurial.
Et puis, en mai 2017, c’est la victoire et je deviens conseiller spécial du président. Une année de campagne, c’est très dur, c’est du non-stop… Quand ça aboutit, il n’y a pas de transition. D’un seul coup, le poids des responsabilités vous tombe sur les épaules. J’ai quitté l’Elysée deux ans plus tard.
Pourquoi avoir quitté cet univers ?
J’étais très frustré de tout ce qu’on ne faisait pas. Surtout, j’étais malheureux à l’Elysée. Pendant la campagne, on avait un collectif très aligné qui s’est progressivement fissuré une fois l’élection gagnée. J’ai démissionné sans avoir rien planifié derrière. Là aussi on m’a dit que je faisais une énorme erreur…
Et ce choix de l'entrepreneuriat ?
J’aimais l’idée qu’il n’y ait pas de limite à ce que nous pouvions faire. Je voulais construire quelque chose, créer une équipe, être dans l’action et avoir un impact. Et je voulais apprendre, varier les expériences et les compétences. Ici, j’apprends tous les jours et dans beaucoup de domaines: médical, droit de la santé, développements, tech appliquée, IA…
L’offre de Zoï – un check-up médical et un suivi personnalisé – mixe en effet ces expertises. Comment est née l’idée ?
De ma rencontre avec le docteur Dalle, qui avait développé un protocole de santé préventive fondé sur le croisement de données individuelles. C’est sur ce socle qu’en 2020, on a décidé de fonder Zoï avec Paul Dupuy, un entrepreneur-né très orienté tech. Mon âme soeur professionnelle ! Moi, mon expertise, ce sont les sciences comportementales, l’étude des facteurs expliquant l’écart qui existe entre ce qu’on aimerait être et ce qu’on est réellement. Zoï est à la croisée de ces trois univers : médical, data et sciences comportementales.
Comment définiriez-vous la promesse de Zoï ?
Elle consiste à donner à chacun le mode d’emploi de son corps. D’abord, en identifiant ses risques; ensuite, en fournissant les clés – en termes de mode de vie, d’alimentation, de pratiques sportives, de sommeil… –, pour les circonscrire. Cela n’a rien à voir avec « manger cinq fruits et légumes par jour ». C’est une réponse personnalisée, établie en fonction des besoins de chacun et qui s’appuie sur des données biologiques, cliniques, comportementales... L’idée est d’en finir avec le décalage entre l’espérance de vie en bonne santé – de 64 ans en France – et l’espérance de vie tout court, de 84 ans. C’est pour combler cet écart que nous avons créé Zoï.
Concrètement, en quoi consiste l’offre ?
En un parcours de prévention qui commence par un check-up médical, et qui débouche, après décryptage des analyses et croisement des données individuelles, sur des recommandations personnalisées et sur l’accompagnement de leur mise en œuvre via une appli et une conciergerie médicale permettant une mise en relation avec notre équipe médicale et des spécialistes partenaires. Il s’agit de bâtir pour chacun le mode de vie le plus adapté avec – et c’est notre vraie valeur ajoutée – un suivi d’un an pour mesurer les résultats et ajuster les préconisations si besoin. C’est une démarche de prévention active qu’on est les seuls à proposer.
Vous dites vouloir démocratiser la médecine préventive mais votre offre – à 3 600 euros – reste très haut de gamme…
Le fait que notre protocole repose sur une approche sur mesure fait qu’il reste onéreux, c’est vrai. Mais on vient d’annoncer une offre tournée vers l’optimisation du quotidien à moins de 1 000 euros. Elle vise un public plus jeune, avec moins de pathologies déclarées, ce qui implique moins de dépistage et permet de se concentrer sur la longévité.
Comment avez-vous financé le lancement du projet ?
Fin 2021, on a fait un premier tour de financement auprès d’entrepreneurs français – Stéphane Bancel, directeur général de Moderna, Xavier Niel, Jean-Marie Messier… – qui nous a permis de lever 20 millions d’euros et, fin 2023, d’ouvrir le centre à Paris. En 2024, on a fait un peu moins de 4 millions d’euros de chiffre d’affaires. Cette année, ce sera 2,5 à 3 fois plus, et nous prévoyons d’ouvrir nos prochains centres à Londres à l’horizon 2027 puis à New York l’année suivante.
A quel public vous adressez-vous ?
Notre clientèle se divise en trois catégories : les clients individuels qui s’abonnent à titre particulier – stars, sportifs professionnels, personnes en errance médicale, trentenaires… –,
les grandes entreprises qui nous envoient leurs cadres dirigeants, et enfin des petits patrons, artisans, professions libérales qui savent que leur santé est la clé de leur activité.
Et le fait que Zoï ait été reconnue société à mission ?
C’est la reconnaissance indépendante de notre démarche consistant à démocratiser nos services. Cela sert notre objectif de devenir un acteur de référence de la santé préventive en France et ailleurs.
Ses 3 conseils
- Trouver les moyens d’être heureux tous les jours dans sa vie professionnelle
- Ne pas idéaliser l’entrepreneuriat : les chances d’échouer sont multiples
- Envisager son statut de chef d’entreprise comme un moyen de se mettre au service des autres ça donne du sens
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