Et si nos députés effectuaient un stage d’une semaine en entreprise ? C’est l’idée originale avancée par Michel Moulin, entrepreneur de 64 ans, pour reconnecter les débats budgétaires «dans la réalité économique et sociale» du pays, selon les informations du Parisien ce vendredi 12 décembre. Dans un courrier adressé à Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, il invite en effet les élus à découvrir «notre réalité d’entrepreneur». Déçu par le contenu des discussions sur le budget 2026, notamment celui de la Sécurité sociale, adopté en seconde lecture par l’Assemblée, Michel Moulin déplore que l’entrepreneuriat soit «au bord du gouffre».

Son mécontentement se concentre particulièrement sur la hausse de 2,05% de la taxe sur les complémentaires santé, votée par les députés dans le cadre du budget de la Sécu. Selon lui, cette augmentation «va encore pénaliser les quatre millions d’entrepreneurs et se répercuter sur les salariés et l’investissement». Si l’entrepreneur issu du monde du sport reconnaît qu’«un certain nombre de députés maîtrisent parfaitement ces questions et s’expriment avec sérieux», il estime que, pour d’autres, «les débats donnent parfois le sentiment que l’idéologie prend le pas sur la rationalité économique».

«C’est (l’administration) qui sclérose l’entrepreneuriat»

Face à cette situation, sa proposition est simple : un stage d’une semaine d’immersion en entreprise, organisé avant chaque examen budgétaire, en circonscription. «L’idée n’est pas de faire un déplacement, comme le font souvent les députés, où tout est édulcoré», explique son entourage. Mais plutôt de permettre «de découvrir le monde de l’entreprise où il y a des gens de partout et pas qu’une partie de la population», insiste Michel Moulin.

Pour certains, cette initiative semble toutefois trop naïve. Le président du groupe Liot et également chef d’entreprise, Christophe Naegelen, estime que «penser qu’une semaine suffit à comprendre la réalité d’une entreprise, c’est un peu simpliste». Selon lui, l’entrepreneur cible également le mauvais interlocuteur : «C’est (l’administration) qui sclérose l’entrepreneuriat», affirme-t-il. Rapporteur de la Commission spéciale sur le projet de loi de simplification de la vie économique, le Vosgien critique la «complexité» des normes administratives, qu’il juge «bien plus nombreuses» que celles émanant de l’Assemblée.