
La planète finance est suspendue à son écran Bloomberg, pop-corn à la main, pendant que la Cour suprême américaine s'apprête à lâcher son verdict sur les droits de douane à la sauce Trump. Compte tenu des valorisations "hors-sol" atteintes en Bourse par les actions cotées au S&P 500 (non loin des plus hauts historiques récents de 6 920 points), «la décision de la Cour suprême pourrait agir comme déclencheur brutal d'une correction majeure, un "air pocket" en Bourse», avertit James D. Touati (dit le Loup de Zurich), consultant, formateur, trader et président-fondateur de The Nest, interrogé par Capital.
Dans ce contexte de surachat massif des actions américaines (Nasdaq, Dow Jones et S&P 500), une onde de choc de défiance pourrait voir déferler des ordres de vente massifs à la Bourse de Wall Street, «alimentés par le trading algorithmique et les véhicules passifs, provoquant une spirale baissière accélérée. L’ambiance rappelle la finale France-Brésil 98 : 90 milliards de dollars d’enjeux posés sur la table, prêts à vaciller avec la mécanique commerciale US tout entière», met en garde le Loup de Zurich.
En Bourse, la panique «pourrait très vite se propager»
Dans le coin rouge, Donald Trump brandit l’IEEPA (loi de 1977 sur les pouvoirs économiques d'urgence internationaux) «comme talisman juridique, persuadé que ça passera crème. Dans le coin bleu, ses adversaires tapent du poing pour que le Congrès reprenne le volant. Autant dire que la moindre erreur de script des juges pourrait souffler la stratégie de Donald Trump et toutes les négociations commerciales américaines», avertit le consultant.
Le moindre mot du communiqué «vaudra un NFP (rapport sur les chiffres de l’emploi américain, très suivis par la Fed et la Bourse, du fait des implications pour la trajectoire des taux directeurs de la Banque centrale et du marché actions, NDLR) sous amphétamines, chaque virgule disséquée par des hordes de traders insomniaques», met en garde James D. Touati, pour qui la panique pourrait alors très vite se propager…
Les investisseurs institutionnels gavés comme des oies alors qu’ils s’apprêtaient à empocher leur prime, appuieraient sur "eject", protégeant ainsi des gains records sur les marchés actions, et déclenchant d'importants dégagements (ventes d’actions) en cascade. «Les fonds indiciels et ETF seraient contraints de procéder à des ventes forcées, amplifiant la volatilité intraday (dans une même séance de Bourse), "façon collectionneur obligé de refourguer ses Pokémon pour payer le fisc"», ironise le Loup de Zurich. Les valeurs les plus spéculatives (actions technologiques, secteur de l’IA…) pourraient être sanctionnées de -15% à -25% en quelques séances de Bourse (ce qui a déjà été observé lors du krach d’avril), tirant l'indice vers le bas, "pour rappeler aux marchés actions que la gravité a encore droit de cité".
Dans ce scénario d'hystérie collective, les stops (ordres de vente automatiques coupe-perte) seraient exécutés en chaîne et la liquidité viendrait rapidement à manquer sur les marchés. «Il n'est pas exclu que des circuit breakers (coupe-circuits, système bloquant toute négociation sur des actions à partir d'un certain pourcentage de baisse) soient activés pour interrompre temporairement la cotation — un classique en période de capitulation massive. Le sentiment ambiant tournerait à la défiance vis-à-vis du système américain, poussant les investisseurs vers des actifs refuge (obligations américaines, cash, or), accentuant la chute des actions», avertit le consultant.
Que dit l’analyse technique sur les perspectives du S&P 500 et du Nasdaq ?
On appellera ça une lessive boursière bien rincée. -10%, -20%, voire plus, «tout peut partir en mode "flash crash" post-Lehman (référence au krach de l’automne 2008, qui a accentué la crise financière des subprime, NDLR)», met en garde le Loup de Zurich, qui fait valoir que quand l’euphorie tutoie le délire, il ne faut parfois qu’un grain de sable règlementaire pour tout transformer en toboggan. «La fête est finie, bienvenue en zone rouge – ceux qui ont pensé à la double ceinture pourront souffler… tous les autres n’auront plus qu’à prier pour le rebond», conclut le Loup de Zurich.

Du point de vue de l’analyse technique (analyse graphique et mathématique de l’évolution des cours de Bourse), les images parlent d'elles-mêmes. En effet, outre le surachat extrême observé sur les actions américaines sur les principaux horizons de temps, on remarque que le S&P 500 (indice actions le plus suivi des gérants de fonds et principal baromètre du marché des actions cotées à Wall Street) est revenu au contact de l’oblique haussière reliant les sommets majeurs inscrits depuis près d’un siècle, ce qui pourrait favoriser une phase de correction baissière (ou même un krach).
Que dit l’analyse financière sur le potentiel des actions américaines ?
Les actions américaines sont actuellement historiquement chères, selon différentes jauges de l’analyse financière, ce qui ne laisse pas entrevoir de potentiel d’appréciation supplémentaire significatif. En effet, les actions américaines présentent des multiples de valorisation très élevés, que ce soit à l’aune du ratio entre la valeur de marché et le chiffre d’affaires, le PER de Shiller (un multiple des profits espérés qui tient compte de l’impact du cycle économique) ou entre le Buffett indicator (valeur en Bourse du marché actions rapportée au produit intérieur brut des Etats-Unis), qui a atteint des niveaux stratosphériques.
Les lecteurs de Momentum, la lettre d’investissement premium quotidienne de Capital sur la Bourse, avaient été avertis suffisamment en amont, en mars dernier, du risque de krach sur la Bourse des Etats-Unis, qui s’est concrétisé de façon spectaculaire début avril. Et ensuite, Momentum leur a conseillé avec un excellent timing l’achat d’actions américaines (Nasdaq et S&P 500) dans le creux de la vague, à proximité immédiate du point bas de 2025. Découvrez prochainement dans Momentum nos anticipations actualisées sur les perspectives du S&P 500 et du Nasdaq et retrouvez chaque jour notre avis sur la trajectoire probable du CAC 40 et des actions de la Bourse de Paris. Depuis le lancement de notre lettre d’investissement en mai 2021, notre sélection d’actions en Bourse a progressé bien plus vite que le CAC 40. En optant pour un abonnement annuel, 5 mois sont offerts. Pour en profiter, il suffit de cliquer sur le lien ci-après.




















