Boeing va-t-il sortir de l’impasse ? Un an après une première grève qui lui a coûté plus de dix milliards de dollars, l’avionneur américain est confronté à un autre débrayage de taille de ses salariés dans ses usines militaires, sur les sites de Mascoutah dans l’Illinois, Saint-Louis et Saint-Charles dans le Missouri. Ils sont, au total, 3 200 à faire grève. Mais après 80 jours d’arrêt de travail, et un nouvel accord trouvé depuis cet été avec le syndicat majoritaire, prévoyant une hausse salariale et des aides sociales, la direction de Boeing se montrait confiante pour sortir de l’impasse.

Les salariés devaient voter cet accord ce dimanche 26 octobre, mais comme l’a appris Radio Canada, ils ont rejeté, à la surprise générale et pour la quatrième fois, cette proposition d’accord social. Les adhérents du syndicat des machinistes de Boeing (IAM) ont rejeté à un peu plus de 51% cette nouvelle proposition, estimant avoir «envoyé un message clair selon lequel l'entreprise n'a pas satisfait aux principales priorités». Cette dernière, qui s’est déclarée très «déçue par les résultats», évoque des «propos trompeurs» eu égard aux résultats obtenus «avec la marge la plus faible».

Les livraisons retardées ?

Un coup dur pour Boeing, qui entend ne pas abdiquer cette fois-ci. «Avec un résultat aussi étroit et les propos d'employés qui envisagent de plus en plus de franchir le piquet de grève, il est clair que beaucoup comprennent la valeur de notre offre», a laissé entendre la direction qui va poursuivre son plan de gestion de crise. Pour rappel, afin de faire face à cette crise qui touche les usines fabriquant les F-15 et F-18 ainsi que le système de formation pour les pilotes T-7 Red Hawk ou encore le drone MQ-25, Boeing a déjà embauché de nouveaux salariés pour remplacer les grévistes et a recours à des sous-traitants.

Il s’agit d’ailleurs de salariés «permanents», ce qui pourrait indiquer que cet énième accord rejeté pourrait même mettre en difficulté les grévistes (perte de salaire, de couverture maladie, etc.). Toutefois, même si les catégories d’emploi ont été élargies pour ces recrutements, le syndicat s’est voulu rassurant, assurant que «Boeing n’avait pas été en mesure de trouver des ouvriers avec les compétences et l'expérience de nos membres» et surtout que «les livraisons du groupe continuent d'être retardées en conséquence».

La nouvelle proposition ? Une «insulte» pour l’IAM

Le syndicat des machinistes redit «son unité» avec les grévistes et réclame «un accord équitable pour tous». Malgré des hausses de salaire de 45% en moyenne sur cinq ans, des primes, des améliorations de couverture santé et de cotisations pour la retraite, davantage de congés et l’octroi d’action, ce n’était visiblement pas suffisant, a déploré le responsable de la branche Boeing Air Dominance, Dan Gillian. «Malheureusement [...], les dirigeants de l'IAM refusent de vous permettre de voter sur cette offre et d'avoir la chance de mettre un terme à la grève.» Pour l’IAM, il s’agit même d’une «insulte». Il n’y aura donc pas de retour au travail pour ces 3 200 grévistes le 3 novembre. Cela fait désormais 83 jours qu’ils ont commencé à débrayer.

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