Alors que l’Europe redéfinit sa stratégie de défense face à «la menace russe», Emmanuel Macron affiche sa volonté d’accélérer le réarmement français, quitte à y consacrer des moyens considérables. Dans un entretien accordé à la presse quotidienne régionale, dont Le Parisien, le président a réaffirmé son engagement à intensifier la production d’armements, à investir massivement dans la défense et à inciter les Européens à acheter français. Une approche qui rappelle le «quoi qu’il en coûte» décrété pendant la pandémie, mais cette fois transposé aux impératifs militaires. Jusqu’où ira cette mobilisation ?

Depuis l’invasion de l’Ukraine en 2022, le discours présidentiel a évolué vers une logique de réarmement total, où l’armement français devient un instrument clé de défense et d’influence en Europe. «J’ai demandé aux industriels qu’on puisse aller démarcher les États européens qui ont pris l’habitude d’acheter américain», explique Emmanuel Macron, visant une montée en puissance du Rafale face au F-35 et du SAMP/T face au Patriot américain.

La question du financement

Cet engagement se traduit par des commandes record pour l’industrie militaire française, notamment pour le canon Caesar, dont la production a été multipliée par huit en quatre ans, passant de 10 unités par an en 2021 à 82 en 2025. Le message est clair : il n’y aura plus de frein budgétaire si la sécurité de la France et de l’Europe est en jeu.

Mais ce «quoi qu’il en coûte» militaire soulève plusieurs questions : comment financer une telle accélération ? Quel impact sur les autres postes budgétaires ? Pour l’instant, le président ne fixe aucune limite et insiste sur la nécessité d’un effort collectif de long terme.

Le retour du service militaire ? «Pas une option réaliste»

Si Emmanuel Macron prône un réarmement rapide, il exclut fermement l’idée d’un retour au service militaire obligatoire. «Très clairement, le retour du service national obligatoire sous sa forme historique ne paraît pas une option réaliste», explique-t-il. Si certains, comme Edouard Philippe, plaidaient pour un service militaire volontaire destiné à former 50 000 jeunes par an, Emmanuel Macron semble privilégier une montée en puissance progressive plutôt qu’un retour brutal à la conscription.

Pourquoi ? La France ne dispose plus des infrastructures ni des effectifs militaires nécessaires pour encadrer 800 000 jeunes par an, ce qui représenterait un coût astronomique, équivalent à l’achat de 80 avions Rafale. En revanche, le chef de l’État veut renforcer la réserve opérationnelle et revoir le Service national universel (SNU). Une réforme du dispositif sera annoncée dans les prochaines semaines pour l’adapter aux besoins stratégiques de la Nation.