La gauche, et plus particulièrement les socialistes, ont fait de la taxe Zucman leur cheval de bataille. Cette mesure prévoit d’imposer à hauteur de 2% les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros, soit environ 1 800 contribuables français, pour un rendement estimé entre 15 et 25 milliards d’euros. Pour l’économiste Gabriel Zucman, à l’origine de cette proposition, «la non-taxation des ultra-riches» constitue un problème central, qu'il juge incontournable pour résoudre la crise de la dette.

Invité sur France Inter ce lundi 15 septembre, Gabriel Zucman, professeur à l’Ecole normale supérieure et directeur de l’Observatoire européen de la fiscalité, a défendu sa vision : «On a des problèmes de dette publique, bien sûr, mais on a aussi beaucoup de richesses privées», explique-t-il. «La dette publique, c’est l’équivalent d’une année de revenu national. La richesse privée, c’est l’équivalent de six à sept années du revenu national. Donc, toute la question pour les mois et les années qui viennent, c’est comment est-ce que l’on va réussir à mobiliser cette richesse privée pour résoudre nos problèmes de dette publique», poursuit-il.

Le risque de «blocage budgétaire et politique»

Interrogé sur le risque d’une crise financière, Gabriel Zucman met en garde contre un «blocage budgétaire et politique», dû selon lui à un refus systématique d’aborder sérieusement la question de la fiscalité des ultra-riches. «On est dans un blocage budgétaire, politique parce qu’il y a un refus de s’attaquer sérieusement au problème de la non-taxation des ultrariches», soutient-il. «Ça va être difficile de demander aux Français de faire des efforts, quels qu’ils soient, tant que les milliardaires ne paieront pas d’impôt sur le revenu», prévient l'économiste.

Face à ces constats, l’économiste invite à repenser la fiscalité en s’attaquant à l’évasion fiscale des très grandes fortunes pour rétablir un équilibre et permettre un financement durable des politiques publiques. Un enjeu crucial, alors que la dégradation de la note souveraine fragilise la confiance des marchés financiers et pèse sur l’avenir économique du pays.