La pétition contre la loi Duplomb n’en finit pas de grimper. Ce jeudi soir, elle récoltait déjà plus de 1,9 million de signatures. Les Français, comme une partie des politiques, sont opposés à cette loi qui autorise notamment un pesticide de la famille des néonicotinoïdes, dont l’usage avait été interdit en France au nom de la santé publique et de la biodiversité. Si, pour l’heure, seul un débat pourrait être organisé sans nouveau vote de la loi, pour Michel-Edouard Leclerc, il ne faut pas que «la politique prenne la place de la science». C’est ce que le patron de grande distribution a déclaré sur Franceinfo, rapporte Sud Ouest.

Michel-Edouard Leclerc reste opposé à cette loi : «On ne reviendra pas en arrière sur l’écologie, sur la préoccupation sanitaire. Nos enfants ne voudront pas manger avec des pesticides.» Toutefois, la question n’est pas là actuellement, selon le patron de grande distribution. «La question n’est pas tant de savoir si cette loi est une bonne loi ou pas», a-t-il estimé sur Franceinfo. Il a pointé du doigt «la distorsion de concurrence» entre agriculteurs français et européens.

Michel-Edouard Leclerc veut une interdiction européenne

Que cela signifie-t-il ? «Si c’est autorisé (en Europe), on n’a pas à emmerder les agriculteurs», a-t-il lancé. En effet, si cette loi a été promulguée, c’est parce que la menace plane sur plusieurs pans de l’agriculture et des productions jugées stratégiques. C’est le cas de la betterave sucrière, des asperges, des noisettes ou des pommes dont les cultures sont ravagées par les insectes. Le sénateur à l’origine de cette loi, Laurent Duplomb, rappelle également que 26 pays européens sur 27 autorisent déjà ce pesticide. Donc pourquoi condamner des agriculteurs français ?

Sur ce point, Michel-Edouard Leclerc souligne que «si ce n’est pas autorisé en France et que ce n’est pas bon pour la santé, il faut obtenir la même chose en Europe». Selon le grand patron, les Ecologistes ont un rôle à jouer, notamment en «adressant le même discours qu’ils tiennent par pétition en France aux autres pays européens». En revanche, Michel-Edouard Leclerc a bien insisté pour se désolidariser de cette loi : «Moins de pesticides, c’est bien.»

Des conséquences sur la biodiversité et la santé

Si les défenseurs du texte martèlent que le pesticide ne sera pas réintroduit en masse, «au maximum 1,7% des surfaces agricoles», selon le rapporteur LR à l'Assemblée, Julien Dive, l’acétamipride, puissant fongicide, a des conséquences nocives sur la biodiversité, notamment des pollinisateurs comme les abeilles. En outre, les effets secondaires sur la santé peuvent être importants. Il pourrait même s’agir du pire néonicotinoïde selon le CNRS. Malgré cela, à ce stade, la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, a réaffirmé que le texte de la loi sera «de toute façon» promulgué.