Le constat est sévère. Dans un rapport dévoilé lundi 15 septembre, la Cour des comptes alerte sur le coût pour les finances publiques de la gratuité des transports. C’est aujourd’hui le cas dans plusieurs villes de France, de Montpellier à Aubagne, en passant par Compiègne et Dunkerque. Au total, une quarantaine de collectivités sont concernées, et selon les magistrats de l’institution, cette gratuité aurait «des effets négatifs sur le plan financier» et surtout, cela n’inciterait pas suffisamment à abandonner la voiture.

A Dunkerque (Nord) justement, la décision de rendre les transports gratuits a été prise il y a huit ans. Chaque année, la mesure coûte 17 millions d’euros à la ville, mais elle est pleinement assumée par le maire, et également président de la communauté urbaine, Patrice Vergriete : «Ce sont des choix politiques. On privilégie 17 millions sur la mobilité pour redonner du pourvoi d’achat à ceux qui font un geste l’environnement plutôt que d’autres investissements, donc c’est un choix», met-il en avant auprès de TF1.

Fréquentation en hausse, moins de voitures

Ces 17 millions d’euros viennent donc se déduire des 500 millions du budget de la ville. Et selon l’édile, cela fonctionne : +165% de fréquentation et un chiffre qui augmente chaque année. A Dunkerque, pas de métro ni de tramways, mais des bus qui sont propres, avec de la place pour tout le monde et des voyageurs qui ont l’air satisfaits. «Je le prenais occasionnellement quand il était payant, beaucoup plus depuis qu’il est gratuit», avoue un passager.

Une autre usagère se satisfait des horaires «plus rapides, toutes les dix ou vingt minutes», même si elle a bien conscience que cette gratuité fait partie de ses impôts. Selon une dernière étude, 10% des usagers du bus ont abandonné leur voiture depuis la mise en place de la gratuité des bus. C’est le cas de cette femme qui payait 30 euros par mois d’abonnement auparavant : «Depuis qu’il y a le bus gratuit, ma voiture je l’ai vendue. On avait deux voitures à la maison et maintenant je fais avec le bus.»

En outre, selon les chiffres de la mairie, la baisse de fréquentation dans les parkings est évaluée à 30%. A première vue, à Dunkerque, les contribuables semblent s’y retrouver. Ce rapport a également fait sortir de ses gonds le maire de Montpellier. Auprès de l’AFP, Michaël Delafosse a fustigé «un rapport à charge». S’il a décidé de rendre les transports gratuits, c’est avant tout «une mesure de pouvoir d'achat» et «pour le climat», dit-il. Il a aussi constaté une nette augmentation «de 27 %» de la fréquentation des transports, et ce «un an après l'entrée en vigueur de la gratuité».