Et si la gratuité des transports publics était une fausse bonne idée ? C’est ce que suggère la Cour des comptes dans son dernier rapport, cité par l’AFP et relayé par Ouest-France ce lundi 15 septembre. Selon l’institution, cette mesure, coûteuse dans les grands réseaux de transports publics, reste peu efficace pour inciter les automobilistes à opter pour des mobilités moins polluantes.

«Si la gratuité peut, dans le cas de petits réseaux, constituer une solution parmi d’autres aux problèmes de fréquentation, c’est-à-dire de sous-utilisation des transports collectifs, elle entraîne, pour les réseaux importants et étendus, des effets négatifs sur le plan financier, tout en ne s’accompagnant que d’un report modal des automobilistes très limité», soulignent les magistrats de la Cour des comptes.

Dans ce rapport sur la contribution des usagers au financement des transports collectifs urbains (TCU), l’institution distingue l’impact de la gratuité selon la taille des réseaux. Elle constate que, sur les plus petits réseaux, où les bus «circulent souvent presque à vide», la gratuité permet d’augmenter la fréquentation pour un coût relativement limité.

Les transports publics gratuits dans une quarantaine de collectivités

En revanche, sur les réseaux importants déjà bien fréquentés, cette mesure «est très coûteuse, car elle s’accompagne de pertes de recettes tarifaires importantes et de coûts supplémentaires liés au nécessaire renforcement du réseau existant, davantage sollicité». En France, une quarantaine de collectivités ont déjà instauré la gratuité des transports en commun pour tous les usagers, parmi lesquelles Dunkerque, Aubagne, Compiègne, ainsi que la métropole de Montpellier et ses 31 communes.

De son côté, le maire PS de Montpellier, Michaël Delafosse, dénonce «un rapport à charge». Dans une déclaration à l’AFP ce lundi, il défend la gratuité des transports comme une «mesure de pouvoir d’achat» et «pour le climat». Selon lui, la qualité de l’air s’améliore sur le territoire et la fréquentation des transports en commun a bondi de «27% en un an après l’entrée en vigueur de la gratuité».

Au détriment de la marche et du vélo

La Cour des comptes estime que la gratuité augmente la fréquentation des transports en commun «principalement dans les centres urbains pour des déplacements de courtes distances, soit davantage au détriment de la marche et de l’usage du vélo que de la voiture». Par ailleurs, les magistrats alertent sur «les tensions financières» engendrées, qui «menacent les projets d’investissement nécessaires pour le verdissement des bus et le développement du réseau».

Les Sages de la rue de Cambon recommandent notamment de cibler davantage les réductions tarifaires selon les critères de ressources, de renforcer la lutte contre la fraude, ou encore d’encourager les collectivités à publier des évaluations en cas de changement tarifaire significatif.