Il y a quelques jours, le célèbre investisseur Michael Burry, connu pour avoir anticipé la crise des subprimes, a refait parler de lui en prédisant une chute de l’IA, alors qu’il avait déjà par le passé misé sur un krach des cryptomonnaies. Cette fois-ci, c’est un économiste qui craint une crise basée sur le modèle de celle des «subprimes». En effet, comme l’a repéré BFMTV, le directeur des études économiques à l'IESEG, Eric Dor, a publié une note où il dit craindre une explosion des défauts sur les prêts immobiliers aux Etats-Unis.

Dans sa note, Eric Dor précise que le taux de défaut sur les prêts immobiliers «de bureaux titrisés augmente avec une intensité exceptionnelle» dans son pays. «Limité» encore à «1,58% en décembre 2022», il est désormais affiché à «11,76% en octobre 2025 et pourrait continuer à augmenter», met-il en garde. Selon l’économiste, deux facteurs expliquent la flambée de ce taux de défaut. Il y a d’abord l’inoccupation des immeubles de bureau qui ne cesse d’augmenter.

La faute au télétravail et à une baisse des loyers ?

Or, selon Eric Dor, cela «génère pour leurs propriétaires une insuffisance de revenus locatifs pour assurer le paiement des intérêts et remboursements des prêts contractés pour leur acquisition». Pourquoi autant de bureaux vides ? Le directeur des études économiques à l'IESEG lie directement ce phénomène au recours au télétravail. Ce dernier «a réduit les surfaces de bureau nécessaires pour beaucoup d’entreprises», peut-on lire dans sa note. L’autre facteur mis en exergue est la baisse notable du montant des loyers bruts des immeubles de bureaux, indique BFMTV.

Rien qu’en deux ans, le montant des loyers a baissé de «presque 8%», l’économiste ajoutant que cette baisse pourrait même être réévaluée à 12,8% en raison de l’augmentation des prix à la consommation sur la même période de 5,2%. Conséquence : une partie de ces prêts ont été titrisés sous forme d'actifs financiers (appelés aussi CMBS). Ce fut le cas lors de la crise des subprimes avec les prêts immobiliers toxiques des particuliers.

La situation des prêts encore bonne

Dans sa note, Eric Dor alerte sur le fait que la situation est quelque peu similaire à la crise financière de 2008. «Tous les investisseurs ayant acheté ces actifs sont susceptibles de subir des pertes», souligne-t-il, en ajoutant que «cela induit des craintes d'un retour d'une telle crise». Il reste cependant prudent, car même si la situation de l’immobilier de bureau «reste préoccupante» aux Etats-Unis, celle «globale des prêts est encore bonne».