Depuis la présentation du budget 2026 par l’ex-Premier ministre François Bayrou, le 15 juillet dernier, le débat sur la taxation des plus riches fait rage. Interrogé par BFMTV lundi 15 septembre, l’économiste Thomas Piketty a défendu la taxe Zucman, qui propose un impôt plancher de 2% par an sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros. En balayant au passage l’argument du président du Sénat Gérard Larcher, selon lequel la taxe Zucman ne «passerait pas le barrage du Conseil constitutionnel». «C’est complètement faux, il ne faut pas se dissimuler derrière des arguments juridiques qui n’existent pas», a-t-il insisté.

Pour l'économiste, il s’agit avant tout d’une question de justice fiscale, et le problème est ailleurs : les grandes fortunes s’envolent, sans comparaison avec le reste de la société. «En 2010, les cinq cent plus grandes fortunes du classement du média Challenges représentaient ensemble 200 milliards d’euros. Aujourd’hui, c’est 1 200 milliards d’euros, soit multiplié par six.» Et pour lui le constat est clair : ni le PIB, ni le salaire moyen n’ont suivi cette trajectoire. Face à ce constat, Thomas Piketty juge la taxe Zucman non pas radicale mais «le minimum syndical». «Ces fortunes ont progressé en moyenne de 7 à 8 % par an depuis quinze ans. Avec seulement 2 %, il faudrait un siècle pour revenir à leur niveau de fortune de 2010» a-t-il expliqué. Et de rajouter : «Le bloc central, en refusant cette perspective (...) passe à côté de l’histoire et nous met dans une situation intenable».

Une idée qui gagne du terrain

Selon les estimations de Thomas Piketty, la taxe Zucman, appliquée à environ 1 800 contribuables, rapporterait environ 20 milliards d’euros par an à l’État. Et selon lui, il n’est pas seul à la défendre. Les économistes libéraux qui avaient élaboré le programme d’Emmanuel Macron en 2017, et demandé la suppression de l’ISF, plaideraient aussi pour son retour. Un changement d’attitude dans le monde académique frappant pour Thomas Piketty, qui contraste avec la position du gouvernement, «à la traîne».

De leurs côtés, les grandes figures du bloc central que sont Emmanuel Macron, Gabriel Attal ou François Bayrou ne semblent pas prêts à s’engager dans cette voie. Reste à voir si la pression de l’opinion et l’évolution des positions d’experts feront pencher la balance en faveur de l’application de cette taxe.