
Nouveau revers spectaculaire pour le géant de l'ultra-fast fashion : Matignon annonce avoir engagé la procédure de suspension de Shein.com en France. Cette décision fait suite notamment au scandale des poupées sexuelles pédopornographiques vendues sur le site. Un court communiqué indique que «sur instruction du Premier ministre, le gouvernement engage la procédure de suspension de Shein le temps nécessaire pour que la plateforme démontre aux pouvoirs publics que l’ensemble de ses contenus soient enfin en conformité avec nos lois et règlements».
Matignon précise qu'un «premier point d’étape» devra être fait par les ministres «dans les 48 prochaines heures». Cette décision intervient alors que Shein s'est engagé à communiquer les noms des acheteurs des poupées à la justice. Le parquet de Paris a saisi l'Office des Mineurs et ouvert quatre enquêtes distinctes contre Shein, AliExpress, Temu et Wish. La marque indique avoir supprimé l'intégralité des annonces et visuels associés à ces poupées. Mais celles-ci ne sont pas les seules mises en cause : le 5 novembre, «de nouveaux produits illégaux de type arme de catégorie A ont été découverts en nombre sur la plateforme» souligne le communiqué de Matignon.
La plateforme annonce suspendre sa «marketplace» en France
Les ministres Roland Lescure (économie) et Serge Papin (commerce et PME) ont transmis une injonction de retirer toutes ces armes de la plateforme. Sous les prochaines 48 heures, si des produits interdits sont toujours disponibles à la vente, une réquisition numérique pourra être ordonnée «en vertu de l’article du code de la consommation L521-3-1» précise un communiqué transmis à la rédaction par le ministère de l'Economie. Les ministres pourront dans ce cas exiger la suspension de Shein en France. Laurent Nuñez (Intérieur), a saisi la justice pour demander le blocage du site, «pour faire cesser de façon certaine les graves dommages à l’ordre public causés par les défaillances» de la plateforme indique encore le communiqué. Enfin, Anne le Henanff, ministre déléguée à l'économie, a saisi la Commission européenne pour qu’elle engage une enquête sur les pratiques de l'entreprise.
Shein, de son côté, a annoncé suspendre sa «marketplace» en France (les produits proposés en ligne par des vendeurs tiers). Quentin Ruffat, directeur des relations extérieures de Shein en France, affirme : «Nous prenons acte de l’annonce faite aujourd’hui par le gouvernement. La sécurité de nos clients et l’intégrité de notre Marketplace sont nos priorités absolues. Cette suspension nous permet de renforcer nos mécanismes de responsabilité et de garantir que chaque produit proposé respecte nos standards et nos obligations légales.» L'entreprise dit vouloir engager «dans les plus brefs délais» un dialogue avec les autorités françaises «afin de répondre aux préoccupations exprimées et de présenter les mesures déjà mises en œuvre pour protéger les consommateurs français.»
Ouverture d'un premier magasin physique au BHV à Paris
Par ailleurs, Shein a ouvert, le 5 novembre, sa première boutique physique au BHV à Paris : la marque chinoise était déjà dans la tourmente après la polémique suscitée par cette installation dans la capitale française (en attendant des ouvertures dans d'autres villes ces prochains mois). Dans le viseur de ses opposants : la concurrence déloyale induite par les prix bas, le non-respect des normes (sociales, environnementales, de sécurité) en vigueur en Europe, la qualité médiocre de nombreux produits vendus... Le jour même, le ministre du Commerce et des PME, Serge Papin, a publié une vidéo sur son compte Instagram dans laquelle il promet d'être «intransigeant» avec les produits Shein vendus entre les murs du BHV.


















