Combiner la vapeur avec la cuisson à air chaud semble être le nouveau challenge des fabricants d’airfryers. Philips s’est très bien plié à l’exercice avec son NA555/00 de la série 5000, un appareil très performant bien qu’un brin encombrant. C’est au tour de Beko de se lancer dans l’aventure avec une approche différente. Alors que le modèle de Philips (à deux cuves) dispose d’un réservoir d’eau sur son capot pour générer de la vapeur, l’ExpertFry FRL5474B de Beko mise sur une autre technique. Si l’on souhaite une cuisson avec de la vapeur, il faut simplement ajouter de l’eau au fond de l’unique cuve avant ou pendant la cuisson. Une méthode qui surprend tant par sa mise en œuvre que par les résultats obtenus.

Pendant plusieurs semaines, nous avons mis à contribution l’ExpertFry FRL5474B pour la réalisation d’une bonne partie de nos repas afin de voir si le concept est judicieux. Voyons s'il mérite sa place dans notre guide des meilleurs airfryers.

Design : un airfryer qui n’en a pas l’air (3,5/5)

Dès la sortie du carton, l’ExpertFry surprend par sa forme. Il ressemble plus à un cuiseur multifonction qu’à un airfryer. En cause principalement, son système d’ouverture. Ici pas de tiroir cachant une cuve pour déposer les aliments à préparer mais un capot. Il s’ouvre en appuyant sur le gros bouton poussoir situé en façade.

© Fabrice Brochain pour Capital

Le dessus de l’appareil comprend un panneau de commandes entièrement tactile surmonté d’un plastique noir brillant. Celui-ci accroche non seulement toutes les traces de doigts possibles, la poussière, mais il se montre également peu résistant aux petits chocs. Après quelques jours d’utilisation, nous avons remarqué quelques impacts dus aux contacts entre le mur et le sommet du capot.

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Par ailleurs, comme le modèle de Philips, il ne faudra pas placer l’appareil trop près du mur lorsqu’il fonctionne ou sous un meuble de cuisine. À l’instar d’une cocote minute, il peut dégager de la vapeur pendant les cuissons. Elle risque de s’accumuler sur les surfaces alentour et ruisseler.

L’engin demeure assez compact avec ses 32,8 cm de large pour 32,2 cm de haut et 35,2 cm de profondeur. Il tient sans trop de difficultés sur un plan de travail. Pourvu qu’il ne soit pas trop éloigné d’une prise électrique avec son câble d’alimentation de 1 m de long. Compact, l’appareil n’en est pas moins dense avec ses 7,68 kg. L’essentiel du poids étant concentré dans le capot.

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Une fois ouvert, le FRL5474B dévoile donc sa grande cuve. D’une capacité de 7L, elle peut accueillir un poulet entier de 1,3 kg par exemple ou permettre de réaliser une préparation pour quatre personnes. Ses poignées dépassent à l’extérieur de l’appareil. Elle est munie d’une grille dont il est possible d’ajuster la hauteur selon le mode de cuisson retenu.

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Enfin, sous le capot se niche la résistance, protégée par une grille amovible. Une bonne idée qui facilite le nettoyage après utilisation.

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L’ensemble demeure assez élégant, moderne mais un brin salissant.

Prise en main : un appareil peu évident à comprendre et complexe à manipuler (2/5)

Une fois branché, le panneau de contrôle s’illumine instantanément. Il affiche huit icônes en couleurs représentant chacune une catégorie de plat à préparer : viandes, poulet, poissons, pâtisseries, légumes, riz, pommes de terre et cuisson lente (pour les plats mijotés). Elles symbolisent les programmes disponibles (au nombre de huit) mais, bien que esthétiquement réussies, elles ne sont pas forcément déchiffrables au premier coup d’œil. Et il ne sert à rien d’appuyer dessus. La sélection s’effectue au travers d’une autre icône placée juste avant le bouton de lancement d’un programme.

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Au centre, sont indiqués la température retenue ainsi que le temps de cuisson correspondant au programme. Chaque variable est ajustable… mais pas de façon totalement libre comme nous le verrons plus loin. Enfin, trois autres icônes, elles non plus pas faciles à assimiler du premier coup, représentent les modes de cuisson : aliments à faible teneur en matières grasses (autrement dit airfry), grill et vapeur. Le mode d’emploi se montre indispensable pour saisir les différences. Mais mieux vaut se tourner vers le PDF à télécharger en ligne, bien plus complet que les quelques feuillets imprimés et livrés avec l’appareil. On se sent un peu désemparé devant ce panneau de contrôle joli mais abscons.

© Fabrice Brochain pour Capital

Beko ne nous aide donc pas beaucoup pour nous familiariser avec son appareil. Les programmes sont établis pour une certaine quantité si l’on en croit le tableau de cuisson présent dans le PDF. Mais impossible de la faire varier depuis le panneau de contrôle. Il faudra donc évaluer soi-même les temps et températures à modifier. Et attention, il y a un piège : l’ExpertFry garde en mémoire les derniers réglages opérés. Pratique si l’on souhaite refaire les mêmes recettes avec les mêmes quantités mais gênant lorsque les proportions changent et si l’on veut retrouver les réglages par défaut pour coller au mieux au programme. Pas d’autre solution que de relire le mode d’emploi qui décidément ne nous quitte plus.

Dès la première préparation, on se rend compte de plusieurs gros problèmes. D’abord, les parois extérieures de l’appareil chauffent. Beaucoup. Lors d’une cuisson à 180°C pendant trente minutes, nous avons mesuré une température de plus de 64°C sur le côté et 55°C sur la face avant, près du panneau de contrôle. C’est bien trop. Mieux vaudra éloigner les enfants pendant que l’appareil fonctionne et éviter de laisser des ingrédients à proximité immédiate.

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Ensuite, l’accès à la cuve par le dessus n’est absolument pas pratique. Il faut abandonner le réflexe de regarder ce qui s’y passe dès l’ouverture du capot. On se prend une bouffée de chaleur ou un nuage de vapeur directement dans le visage. C’est loin d’être agréable. De la même façon, placer sa main à l’avant du capot pour le relever un peu plus est une mauvaise idée (il n’y a aucune poignée). On se brûle immédiatement.

Enfin, l’accès au contenu de la cuve n’est vraiment pas aisé. Elle est particulièrement profonde. Il faut soit récupérer ce qui s’y trouve à l’aide d’une pince sans toucher les bords particulièrement chauds, soit la saisir par ses poignées (sans se brûler) et la sortir de l’appareil. Ne reste plus qu’à verser son contenu dans un plat. Mais là encore il y a un piège. Si l’on a opté pour une cuisson vapeur, de l’eau bouillante peut encore se trouver au fond. Gare aux éclaboussures. Bref, mieux vaut se montrer très prudent pour cuisiner avec cet ExpertFry.

La gestion de la vapeur reste également assez délicate. En l’absence de réservoir dédié comme sur le Philips NA555/00, il faut verser de l’eau au fond de la cuve. Une marque indique le niveau maximum que l’on peut atteindre. Sauf qu’une fois la grille de cuisson posée par-dessus, elle est masquée. Ce n’est pas gênant si la préparation ne demande de faire le plein d’eau qu’une seule fois. Ça le devient en revanche lorsqu’il faut rajouter de l’eau en cours de cuisson avec des aliments sur la grille.

Que dire enfin des paliers d’ajustement des temps de cuisson et de température. Selon les programmes, il est parfois impossible de changer la minuterie. On ne profite aussi que d’une plage de 20°C en plus ou en moins par rapport au programme initial. Plus surprenant encore, nous n’avons trouvé aucun mode manuel permettant de choisir un mode de cuisson, une température et une minuterie. Vraiment pas pratique.

Cuisson : un apprentissage nécessaire pour la maîtrise (3/5)

Cet ExpertFry fait preuve d’une certaine polyvalence avec ses différents modes de cuisson. Vapeur, grill, airfry sont possibles, auxquels s’ajoute la préparation de plats mijotés. De quoi varier les plaisirs. Encore faut-il que toutes les techniques soient maîtrisées.

Nous avons par exemple tenté la cuisson vapeur pour des carottes en suivant les instructions du programme Légumes. L’idée était d’obtenir des rondelles de carottes fondantes à cœur mais croquantes à l’extérieur. C’est presque réussi. Nos carottes sont ressorties de la cuve avec une cuisson plutôt al dente mais légèrement desséchées à la surface. Quelques-unes ont également fini au fond de la cuve, dans l’eau, après s’être faufilées à travers les interstices de la grille.

© Fabrice Brochain pour Capital

Nous avons également préparé un poulet entier, même si ce plat ne figure dans aucun programme ni dans les tableaux de cuisson. Nous avons souhaité mettre la vapeur à contribution pour obtenir une chair tendre et moelleuse tout en conservant une peau croustillante avec le mode airfry. Là encore, l’exercice est partiellement réussi. La coloration de la peau n’était pas vraiment au rendez-vous mais la viande était cuite et tendre.

Pour des cuisses de poulets en revanche, nous avons obtenu une légère surcuisson avec le programme indiqué.

© Fabrice Brochain pour Capital

Quant aux frites fraîches, nous ne sommes jamais parvenus à un résultat optimum. Tantôt molles mais colorées, tantôt bien trop cuites. Il est difficile de trouver le bon équilibre selon les quantités préparées.

L’ExpertFry demande donc pas mal d’entraînement pour être maîtrisé. Et l’appareil ne nous facilite pas la tâche. On s’arrache souvent les cheveux à ajuster les réglages en en venant parfois à ressortir le bon vieux minuteur du tiroir pour contrôler le temps de cuisson, puisqu’il ne nous laisse pas faire.

Entretien : un nettoyage facile et rapide (4,5/5)

Bonne nouvelle : tous les éléments de l’ExpertFry peuvent passer au lave-vaisselle. La cuve, la grille de cuisson comme la grille de protection placée devant la résistance se nettoient donc très facilement. Il est bien sûr possible de tout laver à la main. D’autant que la grande cuve de 7L, avec ses poignées non amovibles, n’est pas forcément évidente à caser dans le tiroir d’un petit lave-vaisselle.

© Fabrice Brochain pour Capital

Quant à l’appareil lui-même, un coup d’éponge régulier sur sa surface reste nécessaire pour éliminer la poussière et autres traces de doigts qui ne manquent pas de s’y accumuler ostensiblement.

Réparabilité : des garanties trop légères (2,5/5)

Appareil complexe et multifonctions, le FRL5474B de Beko se limite pourtant à la garantie légale en vigueur en France soit, deux ans. La marque invite à consulter les conditions de garantie commerciales appliquées par le vendeur qui peuvent être plus larges. Quant aux pièces détachées, elles sont mises à disposition pendant quatre ans. C’est là encore un peu court au regard de ce que proposent d'autres marques comme Moulinex (15 ans) ou Philips (11 ans) par exemple.

Les deux meilleures alternatives au Beko ExpertFry FRL5474B

Moulinex Easy Fry & Steam : le rival, version simplifiée

Dans ce modèle assez compact muni d’une seule cuve également, Moulinex a réuni un airfryer classique avec un mode de cuisson vapeur (Steam). Il propose 7 programmes dont deux combinant airfry et vapeur. Avec son tiroir hébergeant une cuve de 6,5 L, il se montre plus simple à manipuler que le modèle de de Beko.

Philips Série 5000 NA555/00 : le modèle XL

Disposant de deux cuves de 3 et 6 L, le NA555/00 de Philips permet de lancer deux cuissons simultanée dont l’une, si on le souhaite, à la vapeur. Un réservoir d’eau placé sur le capot et facilement accessible permet d’en ajouter sans se brûler. Plus grand, il est aussi plus cher.

Conclusion

L’ExpertFry FRL 5474B de Beko veut jouer sur plusieurs tableaux. Il a pour ambition de dépasser le simple statut d’airfyer en ajoutant les cuissons vapeur et grill à sa liste pour devenir plus polyvalent. Mais à trop vouloir se focaliser sur cet argument, Beko semble aussi avoir commis quelques erreurs dans la réalisation de son appareil. La cuve, accessible uniquement par le haut en soulevant le capot, ne se montre pas très pratique au quotidien. Surtout, les possibilités de se brûler en manipulant l’ExpertFry demandent une vigilance accrue par rapport à la moyenne des produits que nous avons testés jusqu’ici. Enfin, le FRL 5474B ne nous laisse que très peu de libertés pour ajuster les recettes comme on le voudrait. L’absence d’un mode manuel freine la créativité. Dommage car cet appareil s’en sort plutôt bien lorsqu’on le connaît bien. Ce qui demande de multiplier les essais et surtout, de garder le mode d’emploi à portée de main. Déconseillé aux débutants, cet airfryer méritera vraiment votre attention quand il baissera de prix. Au moment de notre test, il est bien trop cher par rapport à ses concurrents directs.

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