C’est un dossier extrêmement sensible auquel s’attaque la commission d’enquête sénatoriale chargée d’étudier le dossier sur les eaux en bouteille impliquant le géant Nestlé Waters. Début février, une enquête menée par Le Monde et Radio France laissait entendre que l'Élysée et Matignon auraient privilégié les intérêts de Nestlé au détriment de ceux des consommateurs. Nos confrères révélaient de nombreux échanges ou courriels et même des notes ministérielles censés prouver une connivence entre Matignon, l’Elysée et Nestlé alors qu’ils savaient que le groupe avait eu recours pendant plusieurs années à des traitements interdits.

Devant des journalistes, Emmanuel Macron a indiqué le 4 février «ne pas être au courant de ces choses-là». Parmi les personnes qui auraient été impliquées, figure notamment Alexis Kohler, le secrétaire général de l’Elysée démissionnaire. Comme l’indique BFMTV, ce dernier devait être auditionné ce mardi 8 avril par la commission d’enquête sénatoriale, mais a décliné invoquant la «séparation des pouvoirs». Mais ce n’est pas pour autant que le rapporteur de la commission d’enquête, le sénateur PS Alexandre Ouizille, a épargné l’Elysée.

L’Elysée aurait su «au moins depuis 2022»

Il s’est vu remettre par l’Elysée un dossier de 74 pages, qui selon lui, montrent que «les contacts (étaient) fréquents» entre Nestlé et l'Élysée, ce qui «ouvrait les portes de certains ministères au groupe suisse». Il ajoute : «La présidence de la République était loin d'être une forteresse inexpugnable à l'égard du lobbying de Nestlé.» Selon le sénateur PS, l’Elysée savait même «au moins depuis 2022 que Nestlé trichait depuis plusieurs années».

Autant d’éléments qui tendraient à prouver la «densité» des échanges entre Nestlé et la présidence et qui prouveraient que la présidence de la République «avait conscience que cela créait une distorsion de concurrence avec les autres minéraliers». Alexandre Ouizille va même plus loin : «Elle avait connaissance des contaminations bactériologiques, voire virologiques, sur certains forages.» Des échanges qui se sont tenus entre 2022 et 2024 alors même que la commission d’enquête était déjà en place.

Le rapporteur de la commission a cité une rencontre en octobre 2024 entre Alexis Kohler, le directeur général de Nestlé et la présidente de Nestlé, avant que quelques jours plus tard, le lobbyiste du groupe ne relance le secrétaire général de l’Elysée. Ce dernier avait promis qu’il «fournirait les bons contacts à solliciter au sein des ministères». Alexandre Ouizille s’est une nouvelle fois insurgé de l’absence d’Alexis Kohler à la convocation. Il auditionnera ce 9 avril le directeur général de Nestlé, Laurent Freixe.