Renault va-t-il participer à l’effort de guerre ? Début juin, celui qui était alors ministre des Armées, Sébastien Lecornu, avait annoncé un partenariat entre des entreprises françaises de l'automobile et de la défense pour la fabrication de ces drones. Quelques jours plus tard, Capital révélait que Renault pourrait s’allier à la PME française EOS Technologie dans le cadre de ce projet. Très rapidement, l’annonce a provoqué un malaise parmi les salariés et le groupe a été victime de cyberattaques «en série», probablement émanant de Russie.

Mais pour les salariés, qui ont avant tout signé chez le constructeur pour construire des voitures, les interrogations étaient de rigueur, certains commençant à questionner leur hiérarchie afin de savoir «s’ils pouvaient refuser une telle mission». Un peu plus de trois mois après la révélation de cette information, Renault Group a tenu à mettre les points sur les i, rapporte BFMTV. Selon une note interne consultée par l’AFP, il y est précisé que les discussions sont «toujours en cours» avec le ministère des Armées. Surtout, aucune annonce sur l’avancée du projet ne sera faite pour le moment.

Une «opportunité économique» pour Renault

En outre, le groupe précise dans cette note, censée être «confidentielle», qu’il a été «invité à contribuer à la réflexion autour de différents projets pilotés par la direction générale de l'armement (DGA)». C’est le cas d’ailleurs pour d’autres industriels français. Mais alors, qu’en est-il réellement ? Une «analyse approfondie» a été réalisée afin de déterminer les avantages et les inconvénients d’un tel projet. Parmi ces derniers, les risques de cyberattaque, déjà évoqués en interne cet été, sont remis sur le devant de la scène.

Toutefois, il existerait des points positifs puisque cette activité représenterait «une opportunité économique rentable» et apporterait «un complément d'activité sur [ses] sites en France». Renault Group justifie donc un possible intérêt, mais assure ne pas vouloir «devenir un acteur majeur de la défense». En revanche, il propose plutôt «d'apporter son expertise industrielle». Et le groupe ne s’engagera que si cela ne touche pas son activité dans l’automobile.

Un sujet «clivant» en interne

Interrogé, le délégué syndical Force Ouvrière du groupe confirme que «l'armement peut-être une réponse» surtout si l’activité automobile «n’explose pas» au cours des prochaines années. Toutefois, le sujet reste «très clivant» au sein de Renault. La CFDT fixe de son côté une priorité : «Que tout projet respecte l’emploi en France, les valeurs de l’entreprise et celles des salariés qui la font vivre au quotidien». Si Renault devait s’engager, les sites français seraient mobilisés, précise le groupe à BFMTV, sans annonce de conclusion d’accord.