A ce rythme, la panne sèche est proche ! Selon le cabinet de conseil AAA Data, le marché du deux-roues électrique a plongé de 8,4% au premier semestre 2025 par rapport à la même période de l’année précédente, elle-même déjà en recul. Soit un total de seulement 17 889 unités immatriculées. Les conducteurs semblent tout particulièrement bouder les scooters, aux ventes en chute de 11%, contre un recul de 4% pour les motos. Pour Marie-Laure Nivot, responsable de l’intelligence marché automobile chez AAA Data, c’est bien simple : sur ce segment de l’électrique, «tout s'effondre depuis trois ans». La faute à qui ? En partie au gouvernement, qui a mis fin par décret, il y a un an, au bonus écologique de 900 euros pour les deux-roues électriques. La décision a pris de court le secteur. «Avec un écart de prix entre les modèles électriques et thermiques similaire à celui constaté sur le marché de l’auto, il y a peu d’arguments susceptibles de convaincre les consommateurs de passer à l’achat», explique Maëlle Faure, cheffe des produits auto/moto chez l’assureur Solly Azar. Exemple chez Honda, dont la première moto électrique, commercialisée l’an prochain, coûtera 18 000 euros, contre… 12 000 euros pour un modèle thermique équivalent, au sein de sa gamme.

La fin des motos et scooters thermiques en 2035 ? Non...

Le problème, c’est que si les autorités ont supprimé la carotte, elles rechignent à manier le bâton. C’est ainsi qu’à l’inverse du marché de l’auto, qui verra toute vente de modèles thermiques neufs interdite dès 2035, aucune date butoir n’a été fixée pour convertir le parc des deux-roues à l’électrique. D’où le manque d’empressement des fabricants de scooters et motos à travailler sur des modèles à batterie. «Il y a un vrai vide d’offre, les consommateurs n’ont du choix que pour les petites cylindrées», déplore Maëlle Faure. Et encore : sur les cyclomoteurs, les spécialistes asiatiques tentent certes de proposer 1 ou 2 modèles. Mais la gamme est loin d’être complète, laissant d’autres solutions de mobilité alternative s’imposer, comme les trottinettes électriques. De leur côté, la plupart des fabricants les plus connus de grosses cylindrées, tels BMW ou Triumph, ne proposent strictement rien. Tandis qu’Harley Davidson, pour faire oublier le fiasco d’un premier lancement, a préféré cette année lancer sa nouvelle moto électrique sous une marque spécifique, LiveWire.

Difficile en effet de convaincre des clients avant tout attachés au rugissement du moteur, à l’odeur de la mécanique ou à la puissance de propulsion. Et qui pourraient s’inquiéter des efffets du poids de la batterie sur les performances, ou d’une autonomie pour l’heure limitée à 200 kilomètres. «Les fabricants de deux-roues doivent s’affairer au développement de produits technologiques. Et ensuite s’employer à rassurer les motards en conciliant ce qu’ils ont l’habitude de retrouver avec le thermique, et ce qu’ils attendent de l'électrique», insistent les deux expertes. Un chantier d’autant plus crucial que les deux-roues, par leur compacité et leur adaptabilité, ont un rôle essentiel à jouer dans la mise en oeuvre d’une mobilité urbaine durable.

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