Faut-il rapprocher le salaire brut du net ? De nombreux salariés plaident pour cette mesure, avancée il y a quelques semaines par l’organisation patronale U2P. Au mois de mai, l’U2P a présenté un projet de «big bang» afin d’améliorer les revenus nets du travail et de redonner du pouvoir d'achat aux Français. Alors que le Premier ministre cherche toujours des mesures à présenter aux organisations syndicales et à l’opposition, plusieurs économistes, dont Eric Heyer, expliquent que le sujet «revient sur la table» tout simplement «parce que le travail ne paie pas, ne paie plus».

Alors que la part du revenu net sur le brut est passée de 69% dans les années 1970 à 54% aujourd'hui, cette solution permettrait de répondre au problème de pouvoir d’achat évoqué par les Français. «Chacun regarde son bulletin de salaire, il constate l’écart entre ce que paie l’employeur et l’argent viré sur son compte en banque», rappelle auprès de La Dépêche celui qui est membre de l’Observatoire français des conjonctures économiques.

Des salaires qui ont augmenté trop faiblement

Toutefois, si l’économiste considère qu’il s’agit d’une option à envisager, pour lui, «on se trompe de débat». En effet, si la vie est aujourd’hui plus difficile, ce ne serait pas à cause de la différence entre le brut et le net «mais bien parce qu’on a connu une grosse période d’inflation». Il prend en exemple les salaires qui ont augmenté sans pour autant «suivre les prix». Eric Heyer souligne que la différence entre un salaire brut et un net, «ce sont les cotisations payées par l’employeur».

Et l’économiste de rappeler : «L’écart entre le brut et le net, c’est en quelque sorte une assurance, certes obligatoire, mais si par malheur, on tombe au chômage : celui qui cotise plus, reçoit davantage.» Sur le sujet des cotisations, le membre de l’Observatoire français des conjonctures économiques demande précisément de «réfléchir à ce que l’on veut financer par des cotisations».

Que finance-t-on par les cotisations ? Essentiellement le chômage, les retraites ou encore la maladie et la famille. Or, selon Eric Heyer, ces éléments «n’ont aucune raison d’être financés par des cotisations, car ils relèvent de l’universel, et donc de l’impôt». Enfin, s’il considère que la baisse ciblée de la CSG peut être une solution, toujours dans le but de redonner du pouvoir d’achat aux travailleurs, il alerte : «Ce sont des recettes en moins qu’il faudra compenser ailleurs.»