
La question avait suscité de vifs débats au printemps dernier : les boulangeries doivent-elles ouvrir le 1er-mai ? Le Sénat a adopté ce jeudi 3 juillet une proposition de loi visant à permettre à certaines professions, comme les boulangers et fleuristes, de faire travailler leurs salariés durant la Fête du travail. Le texte des sénateurs centristes a été adopté en première lecture avec 228 voix contre 112 et est désormais transmis à l'Assemblée nationale. Cette proposition, soutenue par les centristes, est vivement critiquée par les syndicats et la gauche. L’initiative fait suite aux protestations de boulangers début avril, dénonçant les contrôles rigoureux de l’Inspection du travail sur leurs établissements, notamment pour avoir fait travailler leurs employés ce jour férié traditionnellement chômé.
Selon eux, la législation actuelle est floue : seules les activités «qui ne peuvent interrompre le travail» — transports, sécurité, hôpitaux — sont autorisées à ouvrir ce jour-là, comme le rappelle BFM TV. Pour clarifier cette situation, les sénateurs centristes ont déposé une proposition portée par Hervé Marseille et Annick Billon. En première lecture, le rapporteur Olivier Henno (UDI) explique auprès de l’AFP : «Pour stabiliser les choses et mettre fin au zèle de ces inspecteurs du travail, on n’a pas d’autre solution que de légiférer».
La gauche et les syndicats montent au créneau
Il ajoute : «Si on ne faisait rien, on pourrait aboutir à l’aberration de voir des vendeurs de muguet à la sauvette exercer, alors que les fleuristes devront rester fermés dans cette journée très importante pour leur activité». Initialement, le texte permettait aux commerces déjà ouverts le dimanche d’ouvrir aussi le 1er-mai, mais il a été révisé en commission pour limiter les dérogations à certains commerces : «commerces de bouche de proximité» (boulangeries, boucheries…), activités liées à un «usage traditionnel propre au 1er-mai» comme les fleuristes, ou établissements culturels (cinémas, théâtres). Ces derniers pourraient employer leurs salariés volontaires, rémunérés doublement comme prévu.
Cette mesure provoque la colère des groupes de gauche, qui souhaitent un rejet total du texte. Les communistes ont d’ores et déjà déposé une motion de rejet préalable. Pour la socialiste Monique Lubin, c’est «une nouvelle brèche ouverte dans le droit du travail et dans la protection des salariés», dénonçant les «coups de canif à répétition» contre les acquis sociaux.
Si le patronat soutient ce texte, les syndicats s’y opposent fermement. Dans un communiqué intersyndical, CGT, CFDT, FO, CFE-CGC, CFTC, UNSA, Solidaires et FSU appellent à rejeter la mesure : «Remettre en cause le principe de cette journée, c’est remettre en cause 100 ans d’histoire de lutte sociale», alertent-ils.

















