
Bonne nouvelle pour les demandeurs d’emploi dotés d’une reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH). Depuis quelques semaines, France Travail a lancé Handimatch, un tout nouveau dispositif pensé pour les 500 000 chômeurs en situation de handicap et inscrits chez l’opérateur public. Il faut dire qu’il s’agit là d’un public particulièrement fragile : plus de 40% d’entre eux sont en chômage de longue durée, un chiffre en hausse de 7,6% l’an dernier. «C’est le signe évident d’une conjoncture économique dégradée», déplore Caroline Dekerle, directrice du programme sur l’inclusion des personnes en situation de handicap chez France Travail.
La faute, aussi, aux employeurs, qui craignent parfois des aménagements de postes obligatoires, ou des formations plus difficiles. «Alors que dans 8 cas sur 10, le handicap est invisible, à l’image du diabète ou de l’épilepsie», rappelle Caroline Dekerle. Résultat, ces stéréotypes ferment la porte de l’emploi à des candidats pourtant parfaitement opérationnels. «Quand on comprend qu’il y a une diversité de situations de handicap, par principe, aucun poste n’est incompatible avec le handicap. Il faut ouvrir les chakras de certains employeurs !», plaide-t-elle.
Les travailleurs en situation de handicap, un levier pour les métiers en tension
Et certaines entreprises ont, justement, les chakras bien ouverts. Car embaucher un salarié handicapé, c’est améliorer sa marque employeur, certes, mais c’est surtout l’opportunité de répondre bien plus vite à ses besoins de recrutement. Notamment sur les métiers en tension. Mais problème : «Les recruteurs avaient beaucoup de mal à identifier les candidats en situation de handicap», explique Caroline Dekerle. Puisque 80% de ces handicaps sont invisibles, de nombreux demandeurs d’emploi préféraient ne pas en faire mention, de peur de voir leur CV relégué en bas de la pile.
D’où l’intérêt d’Handimatch. Ce nouvel outil permet aux candidats de repérer en un coup d’œil les offres déposées par des entreprises «handiengagées» — autrement dit, vraiment prêtes à recruter des personnes en situation de handicap. Comment ? Grâce à une petite pastille bien visible qui signale les annonces concernées sur FranceTravail.fr. Depuis le mois de mai, 500 demandeurs d’emploi en situation de handicap ont déjà décroché un job grâce à ce coup de pouce. Et les chiffres parlent d’eux-mêmes : si seulement 6% des offres classiques sont pourvues par des personnes en situation de handicap, c’est plus de 26% quand l’annonce est estampillée Handimatch. «C'est pratiquement 5 fois plus de chances d'être recruté. C’est très prometteur», se félicite Caroline Dekerle, qui précise d’ailleurs que la plupart des jobs pourvus concerne l’administratif, le nettoyage industriel, le commerce de proximité ou encore les transports.
Prochaines étapes : permettre aux employeurs des quatre coins de la France de bénéficier d’Handimatch – aujourd’hui disponible à ce jour dans 13 régions, et lancer une campagne de communication massive. «On a besoin de faire connaître le dispositif, autant auprès des employeurs que des demandeurs d’emploi». Car ce matching n’est activable que si le candidat donne son accord. Et à ce jour, seulement 60 000 demandeurs d’emploi en situation de handicap ont ouvert le mail leur demandant leur consentement. «Et dans 86% des cas, ils ont dit oui !», se réjouit Caroline Dekerle. Avis aux intéressés : pensez à consulter votre boîte mail !


















