“Un véritable parcours du combattant qui nécessite beaucoup de courage.” C’est ainsi qu’Éric Rocheblave, avocat spécialisé en droit du travail et de la Sécurité sociale, décrit la bataille dans laquelle doivent s’engager les salariés souhaitant faire reconnaître en justice la discrimination et/ou le harcèlement dont ils ont été victimes dans leur entreprise. La preuve avec Salomé*, 42 ans, ancienne salariée de la Société générale en tant que chargée d’affaires en assurance vie au sein de la banque privée du groupe et qui attaque l’entreprise devant la justice (l’audience au conseil de prud’hommes est prévue en décembre prochain). L’ex-salariée demande réparation suite à la discrimination en raison de son sexe et de ses origines, ainsi qu’au harcèlement moral dont elle estime avoir été victime lors de son expérience professionnelle.

À l’âge de 27 ans, un master 2 (diplôme de niveau bac+5) en poche et grâce au parrainage de l’association Nos quartiers ont du talent, Salomé a rejoint la banque rouge et noir en octobre 2008, et plus exactement sa filiale Sogessur, en qualité de gestionnaire de sinistres généraliste. Malgré son niveau de diplôme, elle n’a pas été embauchée avec le statut de cadre. “J’étais rémunérée 23.000 euros brut par an (prime de 13ème mois incluse, ndlr) environ à cette époque. À l’embauche, on m’a promis une évolution rapide si je m’investissais. Mais je suis partie de tellement bas que je n’ai jamais pu obtenir le salaire que j’aurais pu avoir ailleurs avec un statut cadre”, confie à Capital l’ancienne salariée de la Société générale, qui estime qu’il y a “un vrai problème de reconnaissance et de rémunération des femmes racisées et diplômées en France”.

Après être restée près de cinq ans sur ce poste, “qui s’est très vite transformé en simple plateforme téléphonique”, Salomé se voit proposer une mobilité interne en 2014, à un poste de technicienne en crédit immobilier, au pôle service clients de la banque de détail en France. Mais à cette époque, “je constate que les salariés embauchés après moi avec un diplôme bac+5 gagnent plus que moi”, signale-t-elle. “J’ai donc sollicité un entretien avec la direction des ressources humaines pour demander à passer au statut cadre. Or on me répond que je peux bénéficier d’une mobilité horizontale, mais pas verticale, et on me propose de refaire un point plus tard”, poursuit l’ex-employée de la Société générale, qui finit par accepter la mobilité interne, dans le cadre de laquelle elle obtient tout de même une légère revalorisation, à 29.244 euros brut par an.

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