Ils pensaient pouvoir enfin tourner la page. Six mois après leur licenciement par une entreprise de robinetterie d’Angoulême, neuf anciens salariés ont obtenu gain de cause devant les prud’hommes, avec à la clé 24 000 euros chacun. Mais pour cinq d’entre eux, le soulagement a laissé place à la stupeur : l’argent n’est jamais arrivé sur leurs comptes. En cause : une escroquerie sophistiquée. Comme le révèle un reportage de TF1, des hackers sont parvenus à falsifier les relevés d’identité bancaire (RIB) utilisés pour les virements. Plus de 120 000 euros ont ainsi été envoyés à l’étranger, à des destinataires frauduleux.

Victor Costa, l’un des salariés lésés, a appris la nouvelle via un message de son avocate. «Les fonds ont été versés sur un mauvais RIB. Un RIB qui a été trafiqué, hacké», explique-t-il, dépité. Depuis son licenciement, il avait monté sa propre entreprise dans l'événementiel et comptait sur cette indemnité pour acheter un véhicule professionnel. Il avait déjà avancé l'argent : «Maintenant, soit je fais un crédit, soit je perds mes 4000 euros de caution. La double peine.»

«Je pensais sortir du tunnel, mais c'est tout l'inverse» témoigne l'un des ex-salariés

L’entreprise Sanifirst, leur ancien employeur, avait bien respecté la procédure, en versant 216 000 euros à la Carpa, l’organisme de gestion des fonds. Mais ce tiers de confiance n’a pu empêcher la fraude. Pour Mickaël Calvet, également touché, la situation est d’autant plus dure à encaisser après 24 ans d’ancienneté : «Je pensais sortir du tunnel, mais c'est tout l'inverse». Les ex-salariés envisagent désormais une plainte collective, en espérant que les assurances prendront le relais. Mais la procédure pourrait être longue et incertaine. Un coup dur supplémentaire, après une rupture professionnelle déjà douloureuse.

Pour rappel, la procédure prud’homale permet à un salarié de contester son licenciement ou de faire valoir ses droits (salaires impayés, heures supplémentaires, harcèlement…) devant le conseil de prud'hommes. Elle débute par une phase de conciliation entre l’employeur et le salarié. Si aucun accord n’est trouvé, l’affaire est jugée. Gratuite et ouverte à tous, cette procédure peut durer plusieurs mois, voire des années, en fonction de la complexité du dossier et de la juridiction saisie.