Le Livret A est-il trop avantageux ? C’est le message qu’a voulu faire passer en filigrane le Conseil des prélèvements obligatoires (CPO), organe rattaché à la Cour des comptes, rapporte BFMTV. Produit préféré des Français, le Livret A était détenu par 57 millions de Français fin 2023. Réglementé, son taux est fixé par l’Etat et réévalué en fonction de l’inflation. Une seule personne peut ouvrir un Livret A en son nom, dont le plafond est fixé à 22 950 euros. Surtout, les intérêts produits par le livret d’épargne sont exonérés d'impôt sur le revenu et de prélèvements sociaux.

Mais selon le dernier rapport du CPO, il faudrait d’une part abaisser son plafond, donc de 22 950 euros à 19 125 euros, et d’autre part le taxer, plus précisément «soumettre à l'imposition de droit commun les dépôts excédant ce plafond». Pourquoi ? Parce que selon l’organisme, le «cumul possible des livrets au sein d’un foyer fiscal permet d’atteindre des plafonds de dépôts s’éloignant des besoins pour une épargne de précaution». Selon le CPO, le Livret A deviendrait ainsi «un produit de placement, y compris pour les ménages aisés».

Un manque à gagner de plus de cinq milliards ?

Pour étayer ses pistes, le Conseil des prélèvements obligatoires prend l’exemple d’une famille avec trois enfants disposant de cinq Livret A, des Livrets de développement durable et solidaire (LDDS) et des livrets jeunes. Ils disposeraient donc d’une épargne équivalente à 143 550 euros, soit «plus de deux ans de revenus par rapport à la moyenne pour cette catégorie de ménages». Cette exonération de l’épargne représenterait un lourd manque à gagner pour l’Etat, 5,6 milliards d’euros, rien qu’en 2025, insiste le CPO.

Pour compenser, l’organisme prévoirait de faire passer le plafond du LDDS de 12 000 à 19 125 euros. En revanche, au-delà de ce montant, l’épargne serait également taxée. Dans les deux cas, les recettes liées à une telle fiscalisation permettraient de dégager 150 millions d’euros, selon la direction générale du Trésor.

Reste à savoir si, en mettant en place de telles taxes, couplées à un abaissement du plafond, cela ne forcerait pas les Français à déplacer leur épargne. Sur Bluesky, le ministre de l’Economie a voulu rassurer, estimant que l’Etat «n'envisage absolument pas de toucher au fonctionnement du Livret A : ni à travers une réduction de son plafond, ni par une fiscalisation, y compris partielle.»