Le fossé se creuse et il inquiète au plus haut point les économistes. Ce fossé, ce gouffre même pour certains, c’est celui entre les personnes les plus riches et les plus pauvres de la planète. Le constat est fait par un institut de recherche français, relaie BFMTV. Mardi 9 décembre, l'Ecole d'économie de Paris a remis son rapport piloté par l'économiste Thomas Piketty qui met en exergue l’accentuation d’«inégalités extrêmes». Parmi les enseignements majeurs de cette étude : il y a notamment le fait que 10% des plus riches à travers le monde possèdent 75% du patrimoine.

En chiffres, cela représente environ 556 millions d’adultes qui possèdent également plus de la moitié (53%) des revenus mondiaux. A l’opposé, les 2,8 milliards d’adultes qui représentent la moitié la plus pauvre ne détiennent que 2% du patrimoine et reçoivent à peine 8% des revenus totaux. «Les inégalités extrêmes de patrimoine augmentent rapidement», met notamment en évidence ce rapport produit par le Laboratoire sur les inégalités mondiales.

8% de hausse de richesse par an depuis les années 1990

Au total, 20 chercheurs ont travaillé sur le sujet pour établir ce rapport, dont Rowaida Moshrif, Ricardo Gómez-Carrera, Lucas Chancel et donc Thomas Piketty. Ils soulignent que «depuis les années 1990, le patrimoine des milliardaires et des centi-millionnaires a augmenté d'environ 8% par an, soit près du double du taux de croissance enregistré par la moitié la plus pauvre de la population».

Pour donner du corps à leurs données, ils établissent une comparaison osée. Ainsi, si l’on prend en compte les 0,001% les plus riches, ce qui représente 56 000 multimillionnaires, ils «peuvent tenir dans un stade de football» et contrôlent surtout plus de 6% des richesses mondiales. En outre, leurs résultats débouchent sur un constat simple : les plus riches paient moins d’impôts proportionnellement que les moins aisés.

Une taxe sur les hauts patrimoines ?

A l’instar d’un Gabriel Zucman, ils plaident ainsi pour un impôt minimum sur la fortune. «Même des taux modestes d'impôt minimum mondial sur les milliardaires et les centi-millionnaires pourraient rapporter entre 0,45% et 1,11% du PIB mondial», peut-on lire. En prenant en compte, par exemple, un taux de 2% sur les patrimoines supérieurs à 100 millions de dollars, cela permettrait de rapporter 503 millions de dollars.