
La rentrée à peine lancée, la France fait déjà figure de mauvaise élève. Vendredi 12 septembre, l’agence de notation Fitch Ratings a abaissé d’un cran la note de la dette française. La signature tricolore est ainsi passée de «AA-» (avec perspective négative) à «A+», assortie d’une perspective stable. Mais quelles vont être les conséquences concrètes de cette dégradation ? Dès à présent, l'Etat devrait avoir plus de difficultés à emprunter de l'argent pour se financer. Plus précisément, cela va surtout lui coûter plus cher.
Pour l'heure, la France emprunte par exemple à un taux de 3,45% à 10 ans : il s'agit du taux d'intérêt qu'elle verse à ses créanciers qui lui prêtent à cette échéance. Entre vendredi - jour de la dégradation de la note - et ce mardi 16 septembre, ce taux n'a pas flambé. Signe que l'abaissement de la note de la France était déjà anticipé par les marchés financiers. Toutefois, il n'est pas impossible que le taux des obligations françaises continue de grimper dans les mois qui viennent : «Si les marchés s'inquiètent, nous pourrions dépasser les 4%, voire atteindre les 5%», prédit Alexandre Baradez, responsable analyses marchés chez IG France.
Vous avez sans doute investi dans la dette française avec votre assurance vie
Or, cette hausse du taux d'emprunt de la France n'est pas sans conséquence pour votre épargne. Et a priori, il s'agit plutôt d'une bonne nouvelle : plus le taux affiché d'une obligation est élevé (ce qu'on appelle le «coupon»), plus l'émetteur verse des intérêts importants. Et cela tombe bien, puisque si vous détenez une assurance vie, il y a de fortes chances qu'elle soit en partie investie en obligations d'Etat françaises. La partie garantie de ce produit d'épargne - le fonds en euros - est en effet composée à plus de 75% d'obligations d'Etat en moyenne, selon le site Good Value for Money. Et parmi ces obligations dites «souveraines», les obligations françaises sont omniprésentes.
Par exemple, dans le fonds euros de l'Association française d'épargne et de retraite (Afer), qui compte plus de 760 000 adhérents, les obligations françaises sont ultra-majoritaires (21,1% des obligations d'Etat, contre 1,1% d'obligations américaines, 0,7% d'obligations italiennes, 0,2% d'obligations japonaises, par exemple). Est-ce à dire que le rendement de votre fonds euros va flamber, si ces obligations françaises, en nombre, viennent à rémunérer davantage dans les mois prochains ?
Ce n'est pas dit. En effet, le taux distribué sur les fonds euros ne reflète pas toujours la performance des titres sur lesquels investissent les assureurs. Ces derniers fixent librement le rendement de ce fonds garanti selon différents critères (taux des produits d'épargne concurrents, dont le Livret A, réserves disponibles, etc.) En outre, il faut rappeler qu'un fonds euros est composé de milliers d'obligations que les assureurs conservent en moyenne huit ans. Aussi, une bonne partie d'entre eux ont donc encore en portefeuille des obligations d'Etat bien moins rémunérées qu'aujourd'hui, qui diluent à la baisse le rendement versé. Ainsi, la dégradation de la note française ne devrait pas avoir de grandes incidences sur le taux distribué par votre assurance vie début 2026. Selon les premières estimations, le taux moyen devrait se situer aux alentours de 2,50%, dans la lignée des rendements servis en 2024 et 2023.




















