
Yoga, boxing, fitness, bootcamp, climbing Pilates ou encore Reformer… les Français ne savent plus où donner de la tête aujourd’hui tant les salles de sport proposent des activités diverses et variées. Mais parmi elles, une guerre s’est nouée entre deux courants de la même discipline, explique L’Equipe : le Pilates et le Reformer. A l’origine, les deux méthodes de remise en forme émanent d’un seul et même homme : Joseph Hubertus Pilates. L’Allemand a mis au point cette méthode d'exercices physiques appelée Contrology, désormais connue dans le monde comme «méthode Pilates».
Alors prisonnier dans un camp d’internement sur l’île de Man pendant la Première Guerre mondiale, il va mettre en place et enseigner à ses compatriotes des méthodes pour rester en forme sur le plan physique et mental. Dans le même temps, persuadé qu’il peut obtenir plus d’efficacité avec des personnes entraînées, il va mettre au point des «machines», en ajoutant par exemple des ressorts sur les lits des soldats allemands blessés. Parmi elles, le Reformer. Interrogé par nos confrères de L’Equipe, un coach explique de façon anonyme qu’«en plus de la méthode originelle, deux courants se sont ensuite développés».
«Les principes de la méthode ne sont plus là», selon la FPMP
Il s’agit du «Pilates contemporain, adapté aux connaissances actuelles scientifiques et anatomiques, et le Pilates fitness, donnant plus d'intensité aux cours». Ces courants sont repensés aujourd’hui par des cours collectifs où la transpiration est le maître mot, ou bien réalisés en musique et dans le noir. Or, c’est ce que reproche la Fédération des Professionnels de la Méthode Pilates (FPMP) pour qui, «si vous suivez un cours de Reformer, vous ne pratiquez pas vraiment du Pilates, car les principes de la méthode ne sont plus là». La FPMP a même publié une tribune demandant notamment un usage strict du terme «Pilates ».
Si cette guerre s’est déclarée, c’est que les studios spécialisés, regroupant de nombreux appareils ou chariots Reformer, ne cessent de s’implanter en France. Ils étaient plus d’une centaine en 2024 selon nos confrères qui citent une étude d’Eversports Manager, c’est cinq fois plus que deux ans auparavant. Rien qu’en 2024, les réservations ont bondi de 207% par rapport à l’année précédente. Ce que déplore la présidente de la FPMP, Yaëlle Penkhoss : «Ils prennent l'outil pour faire du fitness dessus.»
Un marché évalué à 250 millions d’euros
Pour elle, un cours de Pilates «n'est pas un training, mais un endroit pour prendre conscience de son corps et en améliorer l'organisation et l'utilisation». Cette position est soutenue par des professionnels de santé comme un kinésithérapeute parisien interrogé par L’Equipe pour qui le Pilates est une discipline «sérieuse» qui est «basée sur l'anatomie, la biomécanique, la physiologie». Or, parmi les enseignements actuels, «c'est un peu au petit bonheur la chance», grince-t-il.
Mais le marché est aujourd’hui très lucratif. Le coach interrogé par nos confrères concède que «la fédé devrait avoir le label exclusif de la méthodologie originelle», mais d’un autre côté, les nouveaux acteurs fustigent des «conservateurs cherchent à se réapproprier des parts de marché qu'ils commencent à perdre». En effet, le marché représenterait 250 millions d’euros dans le pays. La FPMP rejette l’argument économique, «l'impact ne semble pas négatif», assure Yaëlle Penkhoss. Au contraire, des amateurs de Pilates reviennent même à la méthode traditionnelle après avoir goûté aux nouvelles pratiques.



















