Le verdict va tomber dans la semaine : quelle place le logement aura-t-il dans le gouvernement Barnier? Cela dépendra d’abord de l’architecture générale que choisira le Premier ministre, qui peut préférer un petit nombre de grands ministères, confiés à des poids lourds de la politique, à un casting plus large avec des personnalités moins expérimentées. Dans le contexte anxiogène de la France aujourd’hui, le chef de l’État lui-même a choisi en Michel Barnier un homme rassurant et consensuel, rompu à la politique, plusieurs fois ministre et élu local. Il aura sans doute à souci de prolonger cet effort d’apaisement. Si l’exercice se révèle d’une haute complexité quant aux équilibres politiques entre les sensibilités, il est plus simple au moment d’identifier les sujets de préoccupation des Français, qui doivent figurer parmi les principaux portefeuilles du futur gouvernement. Le logement en fait partie d’évidence : la majeure partie de nos compatriotes ont mal au logement. Et c’est au plus près d’eux que le mal apparaît, aux yeux des élus locaux.

Les indices les plus flagrants renvoient aux files d’attente pour louer. Le dernier chiffre publié il y a quatre jours par l’Union sociale pour l’habitat révèle que 2,7 millions de ménages sont demandeurs d’un logement HLM, sachant qu’une partie d’entre eux est déjà logée dans le parc social mais a besoin d’un logement différent, plus grand, plus petit ou situé dans une autre ville. Ce chiffre résulte d’une croissance de 100 000 en un semestre, et de 25% en cinq ans. Dans le privé, pas de statistiques consolidées, mais des constats de tensions dans les métropoles et nombre de villes moyennes. À Paris, pour petit un logement meublé, adapté à un étudiant ou à un jeune actif, l’enseigne spécialisée Lodgis enregistre en moyenne 165 dossiers. À Bordeaux, Citya, l’un des leaders français de l’administration de biens, dispose d’une dizaine de biens vacants pour près de…900 candidatures, tous types de logements confondus. Les plus anciens dans l’immobilier -l’auteur de ces lignes appartient au club fermé de ceux qui alignent 35 ans d’ancienneté- n’ont jamais vécu une telle situation de trombose. Elle est un corollaire d’une primo-accession en panne : en deux ans, le nombre des  ménages qui procèdent à leur première acquisition a fondu de moitié en proportion: ils constituaient 60% des achats dans l’ancien comme dans la maison individuelle neuve, et n’en représentent plus que 30%.

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