Le 27 septembre 2024, le tribunal correctionnel de Nauplie en Grèce a rendu son verdict dans une affaire ayant marqué l’été 2019. Hugues Mulliez, membre d’une riche famille d’entrepreneurs français, a été condamné à six ans de prison avec sursis pour «homicides par négligence» et «intervention dangereuse au moyen d’un navire». L’accident, qui s’est produit dans les eaux grecques au large de l'île de Spetses, avait causé la mort de deux pêcheurs grecs et grièvement blessé leur sœur, décédée en 2023, rappelle Le Monde qui a couvert l'affaire.

Le verdict fait suite à plusieurs années de procédure, mais le clan Mulliez, propriétaire de plusieurs enseignes en France telles qu'Auchan, Leroy Merlin, et Decathlon, et représenté par des avocats grecs et français, a immédiatement fait appel, contestant la responsabilité de l’accident et soulevant des «vices de procédure», comme l'a fait savoir l'avocat grec de l'homme d'affaires français Nikos Emmanouilidis. L’appel du jugement suspend provisoirement l’exécution de la peine. En attendant la tenue de l’audience en appel, Hugues Mulliez reste libre, sous la condition de se présenter régulièrement au consulat grec en Belgique, où il réside.

L'homme d'affaires disparaît pendant 13 heures

L’affaire remonte à la nuit du 9 août 2019, lorsque Hugues Mulliez, alors à la barre d’un hors-bord rapide, avait percuté un petit bateau de pêche transportant trois membres d’une fratrie grecque. L’embarcation avait été littéralement éventrée par l’impact. Deux des passagers, Dimitrios et Panagiotis S., âgés de 60 et 70 ans, avaient succombé à leurs blessures, tandis qu’Alexandra G., leur sœur jumelle, avait survécu mais avec des séquelles importantes. Elle finira par décéder en 2023. Hugues Mulliez, accompagné de ses proches dont des enfants, avait aidé à sortir les blessés de l’eau avant de disparaître pendant près de treize heures.

Ce long laps de temps entre l’accident et sa réapparition avait soulevé des questions sur les circonstances exactes du drame. Hugues Mulliez avait déclaré s’être éloigné pour vérifier qu’aucune autre victime ne se trouvait à la mer avant de perdre connaissance, victime d’hypothermie, selon lui. D'après Le Monde, des témoins oculaires interrogés par les enquêteurs avaient affirmé avoir vu le bateau naviguer à grande vitesse avant l'accident, bien au-delà des 20 km/h revendiqués par l’accusé. Selon l’enquête, le hors-bord se déplaçait à près de 55 km/h dans une zone de navigation encombrée.