Chez Airbus, à Toulouse, on est du genre méfiant. «Les données les plus critiques sont hébergées sur nos propres data centers, dans nos locaux, et chiffrées avec nos propres moyens», rappelle Pascal Andrei, le discret Corse qui officie comme chef de la sécurité de l’avionneur. Pas question, donc, de mettre sur des serveurs loués à d’autres les projets militaires ou les plans des futurs jets à hydrogène – une innovation que les rivaux américains et chinois ne maîtrisent pas.

En revanche, pour le reste, comme les courriels ordinaires ou les visioconférences, c’est par le cloud que ça passe. Et pas du made in France. «Nous utilisons ceux de Google, d’Amazon et d’Alibaba, reconnaît le monsieur Sécurité. J’aurais aimé une solution européenne souveraine, mais aucune ne présente les mêmes fonctionnalités et surtout les mêmes garanties de sûreté contre les cyberattaques.»

Hélas, cet implacable constat est partagé par la quasi-totalité de nos décideurs. A les entendre, ils n’ont pas le choix : se passer de cette nouvelle organisation du travail à distance, créée et dominée par trois grandes sociétés, Amazon, Microsoft et Google, serait suicidaire à l’heure où le monde entier bascule. Grâce au pouvoir du nuage, on peut en effet faire travailler de concert des légions de salariés, qu’ils soient basés à Paris, Shanghai ou Buenos Aires. Louer, le temps d’un calcul, une méga­machine valant plusieurs millions d’euros. Profiter des meilleurs logiciels du moment, qui fonctionnent tous en SaaS («Software as a Service», 100% en ligne). Ou simplement archiver ses données sans se soucier d’empiler des racks bourrés de composants dans ses locaux, puisque les «clouders», comme on appelle désormais ces prestataires d’un nouveau genre, le font pour vous.

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