Voilà quelques années, une ligne spéciale a été mise en place entre nos services de renseignement et le ministère de l’Economie. «Quand une de nos PME stratégiques du secteur de la défense est approchée par un financier américain ou un industriel chinois, un bouton rouge s’allume, susurre un cadre de Bercy. Le hic, c’est qu’en ce moment il n’arrête pas de clignoter.» Et nos fonctionnaires ont bien du mal à l’éteindre. Le ministre des Armées Sébastien Lecornu a officiellement annoncé que la France allait mettre un veto à l’achat de Segault par le groupe américain Flowserve. Cette PME de l’Essonne est chargée d’équiper nos sous-marins nucléaires. Bruno Lemaire n’avait pas su, quelques mois plus tôt, bloquer le rachat d’Exxelia, une usine de Pessac (Gironde) qui fournit des composants électroniques pour le Rafale, la fusée Ariane ou le sous-marin Barracuda. Heico, un champion de l’aérospatiale basé en Floride, n’avait pas hésité à débourser 450 millions d’euros pour se l’offrir.

Nos start-up elles-mêmes ne sont pas épargnées. Souvenez-vous, il y a quelques années, In-Q-Tel, le fonds de la CIA, s’était discrètement invité au capital du français Prophesee, expert en vision artificielle. «Nous avons constaté que sa caméra pouvait déceler des détails qu’une caméra traditionnelle aurait manqués et qu’elle pourrait constituer une nouvelle méthode de détection des drones», justifiait In-Q-Tel sur son blog. Le gouvernement français n’avait même pas jugé utile d’empêcher l’américain de prendre une participation, certes très minoritaire. Mais aujourd’hui, alors qu’Emmanuel Macron prône l’autonomie stratégique vis-à-vis de l’Oncle Sam, cette incapacité à freiner la convoitise de prédateurs étrangers commence à faire désordre.

La frilosité des banques françaises

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