Un coup décisif pour redresser le géant du luxe. Le groupe français de luxe Kering, malmené financièrement depuis plusieurs années, va vendre sa division beauté à son compatriote L’Oréal pour 4 milliards d’euros, selon un communiqué commun publié ce dimanche 19 octobre. La réalisation de l’opération est prévue au premier semestre 2026. L’accord, qui inclut la cession de la marque de parfums de luxe Creed, comprend également «l’établissement des licences de cinquante ans pour les marques iconiques de Kering» (Gucci, Bottega Veneta et Balenciaga), L’Oréal possédant déjà depuis 2008 la licence Yves Saint Laurent.

Le partenariat inclut «les droits de conclure un accord de licence exclusif d’une durée de cinquante ans pour la création, le développement et la distribution des produits parfum et beauté de Gucci, démarrant après l’expiration de la licence actuelle avec Coty, dans le respect des obligations du groupe Kering au titre de l’accord de licence existant». Selon une note des analystes de HSBC, la licence arrive à expiration chez l’américain Coty en 2028.

Une alliance inédite pour révolutionner la beauté de luxe

Il est également inclus un «partenariat exclusif, prévu sous la forme d’une coentreprise à 50/50, qui permettra de créer des expériences et des services combinant les capacités d’innovation de L’Oréal et la connaissance approfondie des clients du luxe de Kering». «L’ajout de ces marques extraordinaires complète parfaitement notre portefeuille existant et élargit considérablement notre présence dans de nouveaux segments dynamiques de la beauté de luxe (…) Gucci, Bottega Veneta et Balenciaga sont toutes des marques de couture exceptionnelles qui présentent un énorme potentiel de croissance», déclare le directeur général de L’Oréal, Nicolas Hieronimus, cité dans le communiqué.

«Cette alliance stratégique marque une étape décisive pour Kering», déclare son directeur général, Luca de Meo, cité dans le communiqué. «Ce partenariat nous permet de nous concentrer sur ce qui nous définit le mieux : notre puissance créative et l’attractivité de nos maisons», ajoute le patron entré en fonctions en septembre, avec la mission de redresser le groupe malmené depuis plusieurs années par les difficultés de sa marque phare, Gucci. Celle-ci assure à elle seule 44% du chiffre d’affaires et les deux tiers de la rentabilité opérationnelle, mais n’en finit pas de traverser une mauvaise passe.

«La situation actuelle (…) renforce notre détermination à agir sans délai, avait déclaré Luca de Meo le jour de sa nomination, le 9 septembre. Nous devrons continuer à nous désendetter et, là où cela s’impose, rationaliser, réorganiser et repositionner certaines de nos marques.» Kering a annoncé en juillet une chute de 46% de son bénéfice net au premier semestre, à 474 millions d’euros, un plongeon de 16% de son chiffre d’affaires, à 7,6 milliards d’euros, et un endettement de 9,5 milliards d’euros. Cette vente à L’Oréal devrait permettre au groupe de diminuer sa dette. Les 4 milliards d’euros seront «payables en numéraire à la réalisation de l’opération prévue pour le premier semestre 2026», précise le communiqué.