
Avec 54 milliards d’euros engagés, le plan d’investissement France 2030 représente une ambition sans précédent. Lancé en octobre 2021 par Emmanuel Macron, ce programme vise à réduire le retard industriel de la France et à accélérer l’innovation technologique. Son objectif ? «Préparer la France de demain». Environ 40 milliards d’euros sont financés par l’Union européenne dans le cadre de ce dispositif stratégique.
Quatre ans après son lancement, l’heure est au bilan. Jeudi 10 avril, le Premier ministre François Bayrou préside le comité interministériel de l’innovation. L’événement se tient au Centre Pompidou, en présence de plus de 400 invités, parmi lesquels figurent les lauréats du programme France 2030, bénéficiaires de ce soutien financier.
38 milliards d’euros déjà dépensés et 7 457 projets financés
Le bilan est jugé «bon» par l’entourage du Premier ministre, qui indique que 38 milliards d’euros ont déjà été dépensés sur les 54 milliards prévus dans le cadre du plan France 2030. Présenté comme un «outil décisif pour une France plus souveraine», ce plan d’investissement lancé en 2021 a permis le financement de 7 457 projets, portés par 7 002 bénéficiaires uniques. Parmi ces bénéficiaires, 55% sont des PME, ETI ou TPE, 17 % de grandes entreprises et 28% des acteurs publics tels que des organismes de recherche et des universités. A ce jour, France 2030 comptabilise 6 103 projets de brevets.
François Bayrou revendique la création de «155 000 emplois directs» grâce au plan. Il cite notamment les résultats concrets : «Des "gigafactories" de batteries pour véhicules électriques sortent de terre. La France est devenue le deuxième pays européen dans le secteur des biomédicaments. Des laboratoires naissent, ainsi que des centres de formation tournés vers les métiers d’avenir.» Malgré un contexte politique instable - censure du gouvernement Barnier, dissolution de l’Assemblée nationale, débats autour de la loi de finances 2025 - le gouvernement affiche sa volonté de «continuer et même accélérer» France 2030. L’adoption de la loi de finances pour 2025 a permis «une reprise des investissements». A l’occasion du comité interministériel de l’innovation, l’exécutif annonce 250 nouveaux lauréats et plus de 25 dispositifs lancés ou relancés dans le cadre du plan.
15 milliards d’euros encore à investir, cap sur le spatial, l’IA et le quantique
«Il reste autour de 15 milliards d’euros de programme qui seront engagés au cours des trois prochaines années», affirme l’entourage du chef du gouvernement. Ces investissements à venir s’inscrivent dans la continuité du plan France 2030, avec un accent particulier sur plusieurs secteurs stratégiques : le spatial, le quantique et l’intelligence artificielle (IA). Sur ce dernier point, le gouvernement indique avoir déjà mobilisé 3,5 milliards d’euros dans le cadre du programme. «Alors que les incertitudes au niveau géopolitique se multiplient, la France continue de s’armer grâce à une politique d’innovation sur laquelle elle accélère, y compris pour investir dans certaines thématiques essentielles à notre pays», avance le cabinet de François Bayrou.
Parmi les 38 milliards d’euros déjà investis, 10 milliards ont été orientés vers des technologies duales, à usage civil et militaire, précise le gouvernement. Ce nouveau point d’étape permet également de repenser certains objectifs initiaux. Le plan France 2030 visait à faire de la France un leader mondial de l’hydrogène vert. En 2025, la stratégie nationale hydrogène est actualisée «au vu de l’évolution technologique, en termes de rentabilité, de perspectives de production», explique le cabinet du Premier ministre, tout en soulignant que «France 2030 est une matière vivante».
Depuis 2021, plusieurs projets ont connu des ajustements : retards, modifications ou arrêts. France 2030 estime les reliquats d’investissement à 600 millions d’euros, dont un tiers concerne des projets liés à l’hydrogène. Ces fonds seront réorientés vers les secteurs jugés prioritaires par l’exécutif.



















