Entreprendre sans filet, construire sans réseau, ni levée de fonds : c'est l'histoire des co-fondatrices de Dijo. “Quand on a raconté à nos parents qu’on voulait lancer une marque de probiotiques, ils ont cru à une crise d’adolescence.” Ce souvenir, Lisa Souloy le partage avec un sourire, mais il en dit long sur le parcours hors normes qu’elle a tracé avec son associée et amie d’enfance, Anouk. Ensemble, elles créent Dijo en 2019, avec une idée simple mais ambitieuse : prendre soin du ventre, “notre deuxième cerveau”, grâce à des compléments alimentaires naturels.

Ni médecin, ni issue du sérail entrepreneurial, Lisa vient du marketing bien-être, Anouk de la finance. Sans levée de fonds, elles apprennent à tout faire elles-mêmes, du site web aux colis. “On a construit brique par brique, avec l’idée d’être rentables dès le premier jour. C’est ce qui nous permet de dormir sereinement aujourd’hui.”

Leur passage dans l’émission Qui veut être mon associé en 2023 leur offre une visibilité inespérée. “C’est là qu’on a compris qu’on pouvait s’assumer comme entrepreneures. Avant, on se présentait encore comme deux copines qui avaient lancé leur boîte dans leur salon.” Elles reçoivent une proposition d’investissement mais la déclinent : “On avait besoin de partenaires alignés avec notre mission, pas uniquement de financiers en quête de rendement.” Un refus rare dans un écosystème souvent obsédé par la croissance à tout prix.

Leadership au féminin : changer les codes sans s’excuser

Au fil de l’interview, Lisa décrit un leadership authentique, incarné et aligné, loin des stéréotypes. “L’entrepreneuriat, ce n’est pas forcément prendre des risques. C’est accepter l’incertitude, faire des choix avec le cœur, mais sans naïveté.”

Être une femme dans ce milieu ? “C’est faire face à un monde encore très masculin, où l’on doute plus, où le syndrome de l’imposteur est très présent. Encore plus quand on ne vient pas du secteur médical et qu’on se lance dans les probiotiques.”

Maternité et direction d’entreprise, un autre tabou qu’elle démonte. “On a vécu nos grossesses comme des électrochocs. On pensait pouvoir tout gérer comme avant. On a compris qu’il fallait anticiper, déléguer, repenser nos rôles.” Pour Lisa, il est urgent de sortir de l’image de l’entrepreneure ‘ultra-homme d’affaires’, sans enfants, disponible 24h/24. “On peut être ambitieuse, aimer son métier, et vouloir du temps pour ses enfants. Les deux sont compatibles si l’on crée un écosystème sain.”

Un leadership ancré dans l’alignement et l’intuition

Lisa ne parle jamais de “stratégie” sans évoquer “intention” ou “alignement personnel”. Son style de leadership est organique, intuitif, nourri de convictions profondes. “J’ai besoin que mes choix résonnent avec ma vision de la vie. Dijo n’aurait pas pu exister si Anouk et moi avions dû nous déguiser en entrepreneures stéréotypées face à des fonds.”

Aujourd’hui, Dijo compte dix salariés et se développe en réseau physique, tout en restant autofinancée. Lisa rêve à présent d’un “lieu autour du ventre”, alliant compléments, nutrition, sport, et santé mentale. Une maison du bien-être version 360.