
Amazon : visite guidée de l'entrepôt le plus robotisé de France
Quel employé modèle, cet Hercules ! Il trime de jour comme de nuit, et soulève des tonnes de marchandises sans compter son temps ni jamais se plaindre aux syndicats. Mais que la CGT remise ses pancartes, car Hercules n’est pas humain, et doit tout de même s’accorder dix minutes de pause par heure, histoire de recharger ses accus. Il n’est en effet rien d’autre qu’un robot, conçu par les ingénieurs d’Amazon Robotics, la filiale du géant américain du commerce électronique. Et l’une des principales chevilles ouvrières de son centre logistique ETZ2 d’Augny, près de Metz, le plus vaste et le plus automatisé des huit sites français d’Amazon.
Grande comme à peu près 25 terrains de foot, cette plateforme construite sur une ancienne base aérienne est opérationnelle depuis l’été 2021. Hercules s’y sent aussi à l’aise qu’un boulon dans son écrou. Il faut dire qu’ici, lui et ses congénères sont plus nombreux que les humains ! Parmi ses collègues de silicium, figure par exemple Robin, un bras robotisé qui récupère les articles emballés par des employés pour les disposer sur un tapis roulant. Au total, le site dénombre plus de 4 200 robots, contre un peu moins de 4 000 salariés de chair et d’os en CDI courant janvier.
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Le robot apporte aux employés les articles à expédier
Hommes, femmes et cyber-créatures collaborent en vue de traiter en moyenne des centaines de milliers de commandes par semaine. A chaque période de Noël, les bourdonnements de cette ruche high-tech décuplent d’ailleurs d’intensité, car ce rythme hebdomadaire accélère alors à plusieurs millions de cadeaux à expédier. Pendant ces journées de rush, les robots tournent à plein régime pour faire gagner du temps à leurs collègues humains, en leur évitant les déplacements superflus, en portant à leur place des charges lourdes ou en les assistant dans la gestion des stocks.
Les opérateurs n’ont par exemple pas à parcourir d’interminables allées pour aller prélever, à l’autre bout de l’entrepôt, l’article qu’ils ont à envoyer. C’est Hercules qui le leur apporte. De la taille d’un gros aspirateur autonome, ce robot de couleur bleue a été conçu pour se glisser sous les étagères jaune vif qui entreposent les marchandises. «Dès que quelqu’un a besoin de prélever un article pour l’expédier, Hercules soulève une étagère puis la déplace jusqu’aux confins de sa zone de stockage, au plus près de l’opérateur qui en a fait la demande», explique Pierre-Louis Debroise, directeur du site de distribution d’Amazon. 90 000 QR-codes ont été imprimés sur le sol, à travers le site, pour aider les robots à se repérer dans leurs déplacements.
La gestion des stocks est assistée par l'intelligence artificielle
Et à l’inverse, lorsque l’opérateur a besoin de stocker un article qui vient d’être réceptionné, une intelligence artificielle l’aide à le ranger au bon endroit dans l’étagère, composée de casiers de différentes tailles. En fonction du produit qu’il vient de scanner, l’opérateur d’Amazon est guidé par un jeu de lumières, qui lui indique les emplacements de stockage à privilégier. Les cases qui s’allument en blanc sont disponibles, celles qui s’éclairent de violet sont à proscrire, soit parce qu’elles sont déjà occupées ou trop petites, soit du fait de la nature de l’article – un produit alimentaire, par exemple, ne peut pas être entreposé à proximité d’un bidon de javel.
Outre qu’elle limite les déplacements des opérateurs au quotidien, cette robotisation a aussi contribué à doper les capacités de stockage d’Amazon. Plus besoin de rayons ni d’allées. Réparties sur trois niveaux, les quelque 48000 étagères mobiles, hautes d’environ deux mètres, sont disposées de façon optimale par les robots, à une dizaine de centimètres à peine les unes des autres, pour occuper le moins d’espace possible. Résultat, le site d’Augny peut ainsi stocker 22 millions d’articles, soit 40% de plus qu’un entrepôt de taille comparable. Plus d’articles à expédier, cela signifie aussi plus de préparateurs de commandes.
La robotique serait-elle dès lors au service de l’emploi ? Avec la plateforme de Brétigny-sur-Orge (Essonne), deuxième entrepôt le plus automatisé d’Amazon, le site mosellan est celui qui compte le plus de salariés. Celui de Boves (Somme), qui en revendique aujourd’hui un millier, devrait aussi suivre cette tendance. Amazon, qui prévoit de le robotiser d’ici la fin de cette année, promet déjà 300 CDI supplémentaires.
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