
Il y a encore quelques jours Donald Trump qualifiait Volodymyr Zelensky de «dictateur sans élections». L’Europe multiplie les missives pour empêcher Trump d’imposer un accord à Kiev. Pourtant, ce vendredi 28 février, le président ukrainien doit se rendre aux Etats-Unis pour y rencontrer le chef d’Etat américain. Pourquoi ce revirement ? Pourquoi cette rencontre pourrait être un nouveau pas important dans la coopération entre les deux pays ? Capital vous explique en six points les enjeux d’un accord économique qui pourrait redéfinir l’avenir de Kiev.
Que prévoit cet accord économique américano-ukrainien ?
Cet accord préliminaire porte sur le développement conjoint des richesses minières ukrainiennes et sur les revenus qui en seraient issus. Les sommes récoltées par l’exploitation des sols iraient dans un fonds nouvellement créé qui pourrait être «conjoint à l’Ukraine et l’Amérique», a déclaré un haut responsable ukrainien à l’Agence France-Presse (AFP). Ce fonds doit donc recevoir la moitié des revenus ukrainiens issus de l’exploitation future de certaines ressources naturelles. D’après Euronews qui a consulté le projet d’accord (daté du 21 février 2025), «la contribution est portée à 66% pour tout territoire actuellement occupé par la Russie et susceptible d'être libéré».
Pourquoi cet accord sur les minerais intéresse-t-il particulièrement les Etats-Unis ?
Pour Donald Trump, cet accord est un moyen de «rembourser» les aides allouées par les États-Unis depuis le début de l’offensive russe en Ukraine. En plus de ce «remboursement» de l’aide fournie par les Etats-Unis, l'ancien magnat de l’immobilier a annoncé que ce deal permettrait d’obtenir de nombreux «fonds supplémentaires». Cet accord est aussi un moyen pour les Etats-Unis d’obtenir des métaux rares, dont le pétrole et le gaz, qui manquent sur leur territoire. Lors d’une conférence de presse du 26 février, le nouveau locataire de la Maison Blanche annonçait sa volonté de «tripler les capacités» des Etats-Unis en électricité, grâce à ces précieux métaux ukrainiens.
Pourquoi cet accord a-t-il failli ne jamais voir le jour ?
Les discussions entre les deux Etats ont été tendues, notamment sur la somme que l’Ukraine devait verser. Donald Trump avait exigé 500 milliards de dollars, une demande qui a provoqué la colère de Volodymyr Zelensky, lequel a aussitôt rétorqué que son pays n’était «pas à vendre». Ce mardi 25 février, un haut responsable ukrainien indiquait à l’AFP que Washington a accepté d’«enlever toutes les clauses qui ne nous convenaient pas, en particulier les 500 milliards de dollars», que les minerais étaient censés rapporter aux Etats-Unis.
Qu’obtient l’Ukraine en échange ?
Pour l’heure les contours restent vagues. D’après plusieurs médias, l’accord-cadre ne prévoirait pas d’obligation d’avoir des troupes américaines en Ukraine, ni de précisions sur la question de l’armement, mais il y aurait bien une notion de «mise en sécurité» américaine. Selon un haut responsable ukrainien à l’AFP, ce pacte prévoit «une clause générale qui dit que l'Amérique investira dans une Ukraine souveraine, stable et prospère, qu'elle travaille pour une paix durable et que l'Amérique soutient les efforts en vue de garanties de sécurité». Sur la question de sécurité, Donald Trump a souligné qu’il appartenait aux Européens de donner ces garanties. La question de troupes européennes envoyées sur place continue d'animer le débat public. Le fonds commun de l'exploitation des terres ukrainiennes doit également permettre à Kiev de reconstruire le pays ravagé par la guerre.
Quelle est la réaction de la Russie ?
De son côté, la Russie essaye de convaincre les Etats-Unis qu’elle peut fournir un meilleur arrangement, avec plus de minéraux rares sur son territoire. Dans un entretien télévisé du 24 février, Vladimir Poutine a d’abord déclaré que cet accord ne «concerne pas» pas la Russie. Toutefois, comme le rapporte Politico, Poutine s’est - par la même occasion - dit «prêt à coopérer avec nos partenaires américains (...) s'ils montraient de l'intérêt à travailler ensemble» proposant les ressources de la Russie, incluant «les nouveaux territoires» du pays (notamment le Donbass).
Et quid de la France ?
Ce jeudi 27 février, Sébastien Lecornu, ministre des armées français, a annoncé sur Franceinfo, que la France était aussi en discussion avec l’Ukraine sur de possibles approvisionnements en minerais pour son «industrie de défense». Le ministre souligne que «notre industrie de défense va avoir besoin d’un certain nombre de matières premières-clés», précisant toutefois que ces discussions ne visent pas «à se faire rembourser». Sébastien Lecornu précise qu’il a entamé ces négociations depuis le mois d’octobre sur demande du président de la République, Emmanuel Macron.



















