
Le chiffre est alarmant. Selon une étude réalisée par le cabinet de conseil Empreinte humaine et OpinionWay, présentée à la presse ce mardi 1er avril, pas moins de 45% des salariés disent se sentir en détresse psychologique. L’enquête, réalisée auprès de 2 030 salariés français, indique même que 13% des salariés interrogés se sentent en état de détresse psychologique élevé. Un état caractérisé par des symptômes de dépression et d’épuisement, qui peut entraîner de graves problèmes de santé s’il n’est pas traité. Plus inquiétant encore, près d’un salarié sur trois (29%) dit présenter un risque de développer une dépression à court ou moyen terme, un pourcentage en hausse de deux points par rapport à l’année dernière.
L’entreprise reste la principale cause de ce mal-être puisque parmi les 45% de salariés en état de détresse psychologique, 7 personnes interrogées sur 10 estiment que ce sentiment est relié «au moins partiellement au travail».«Depuis la crise sanitaire, l’état psychologique des salariés français reste particulièrement dégradé, déplore Christophe Nguyen, psychologue du travail et président d'Empreinte humaine. Cela contribue à augmenter encore un peu plus l'absentéisme puisque les problèmes psychologiques sont la première cause d'arrêt de travail.»
A noter que certaines populations sont particulièrement vulnérables aux problèmes de santé mentale. En effet, les femmes (52%, +8 points sur les six derniers mois), les travailleurs de 30 à 39 ans (54%, +24 pts) ou encore les employés (53%) sont surreprésentées parmi les salariés se disant en détresse psychologique. «Ces résultats montrent qu’il est urgent d'améliorer l’environnement de travail des salariés, poursuit Christophe Nguyen. Les entreprises prennent de plus en plus le problème au sérieux mais c’est loin d’être suffisant».
L'individualisme, principale cause de dégradation de la santé mentale
Pour la majorité des salariés (60%), l’individualisme ne cesse de progresser en entreprise et contribue grandement à la dégradation de leur santé mentale. 50% des personnes interrogées s’accordent même pour dire que leur environnement de travail les incite à privilégier leurs objectifs professionnels individuels, plutôt que collectifs. Pour les personnes interrogées, les principales causes de cette montée de l'individualisme en entreprise sont les suivantes : un manque de reconnaissance collective (44%), une pression mise sur les performances individuelles (39%) et une compétition mise en place entre les individus favorisée par les objectifs individuels. En revanche, le télétravail reste très minoritaire parmi les causes de cette augmentation de l’individualisme (+13%).
Par ailleurs, seuls 35% des salariés estiment que leur entreprise met en œuvre un plan d’action de prévention, ce qui laisse entrevoir une forte attente en matière de dispositifs concrets pour anticiper les risques psychosociaux. «La plupart des entreprises tentent d’agir sur la prévention mais on constate régulièrement des défaillances au niveau de la communication», regrette Christophe Nguyen.



















