C’est une «première étape franchie sur le volet interception de la stratégie de nos armées pour la THA», a reconnu sur le réseau social X le ministre des Armées, Sébastien Lecornu. Lundi 23 juin, pour la première fois, des Rafale et des Mirage 2000 ont réalisé «avec succès» des tirs de missiles MICA vers des ballons stratosphériques opérant à très haute altitude (THA). Une zone qui devient «un espace de conflictualité», selon le ministre, qui a publié une vidéo de ces tirs. Mais pourquoi une telle opération, annoncée (sans date précise) lors du Salon du Bourget ?

La très haute altitude est une bande d’atmosphère comprise entre 20 et 100 kilomètres, rappelle 20 Minutes, une «zone grise, encore peu régulée, mais déjà au cœur des ambitions stratégiques de plusieurs puissances», a précisé Sébastien Lecornu. Dans la foulée, le ministère des Armées a rappelé que la très haute altitude était «désormais un espace convoité, à la fois pour ses atouts opérationnels et pour les défis qu’elle pose en matière de souveraineté». Une réponse non voilée à l’affaire du ballon-espion chinois qui avait traversé le ciel américain en janvier 2023 avant d’être détecté par le Pentagone et être abattu.

Simuler des intrusions dans l’espace aérien français

Selon nos confrères, cet exercice servait donc à simuler ce genre d’intrusion si elle devait avoir lieu dans l’espace aérien français. «L’idée est d’amener nos avions au plus près de cette limite de 20 km d’altitude, pour permettre à l’armement de réaliser la dernière partie du chemin afin d’atteindre le ballon», explique un interlocuteur de l’Armée de l’air interrogé par 20 Minutes.

En effet, les ballons stratosphériques sont capables d’atteindre la stratosphère. S’ils sont utilisés pour des expériences astronomiques ou effectuer des mesures de composition de l’atmosphère, ils le sont aussi pour des missions d'observation civile ou militaire. Une exploitation de la très haute altitude qui est déjà «une réalité», selon le ministère des Armées, et qui «un avantage décisif dans le contrôle de la supériorité aérienne, mais aussi en matière de renseignement, de guerre électronique et de communication».

Détecter d’autres armements

Or, les ballons stratosphériques peuvent voler jusqu’à 40 km d’altitude et sont parfois indécelables, poursuit le ministère auprès de nos confrères puisque «les radars et armements sont optimisés pour détecter les objets rapides, plutôt que lents». La France veut donc désormais moderniser son programme Nostradamus, le radar transhorizon expérimental développé par l’Office national d’études et de recherches aérospatiales. Il pourrait aider également à «intercepter» d’autres types d’armement comme les missiles hypersoniques. D’où la volonté, également, de moderniser les systèmes sol-air franco-italiens SAMP-T.