Le point commun entre AcidRain, Industroyer2, SwiftSlicer et HermeticWiper? Toutes ces munitions électroniques ont été conçues par des hackers russes pour semer le chaos en Ukraine. «Ce sont des logiciels malveillants qui appartiennent à la catégorie des "wipers", explique Maxime Arquillière, expert en cybermenaces chez le spécialiste français Sekoia.io. Leur vocation, c’est d’effacer des données, de saboter du matériel électronique, bref, de faire un maximum de dégâts.»

Depuis le début du conflit, c’est un déluge de bombes numériques de ce type qui frappe les réseaux ukrainiens. Le gouvernement de Volodymyr Zelensky a recensé quelque 4500 cyberattaques l’an dernier, soit une bonne douzaine par jour, qui visent aussi bien les infrastructures stratégiques (centrales électriques, réseaux de transport…) que les serveurs des ministères, des banques ou des ONG. Les premières banderilles électroniques ont même été lancées avant l’invasion.

Le 24 février 2022, une heure avant que Vladimir Poutine ait annoncé officiellement l’entrée de ses troupes, des hackers du GRU, son service d’espionnage militaire, étaient déjà entrés en action. Leur objectif? Torpiller des milliers de modems reliés au satellite de télécommunications Ka-Sat, pour compromettre les échanges tactiques dans les rangs adverses, alors que l’infanterie se préparait à s’élancer. L’agence de cybersécurité ukrainienne (SSSCIP) avait alors reconnu «une énorme perte de communication»...

Et il y a malheureusement fort à parier que ce second front militaire, ouvert à l’écart des tirs de mortier et des raids aériens, inspire à l’avenir les armées du monde entier. Et que cette bataille souterraine, qui voit s’affronter dans une sorte de zone grise aussi bien des hackers d’élite protégés par les Etats que des services de renseignements officiels ou des populations civiles enrôlées pour espionner, préfigure les conflits de demain. Comme le montre notre carte, les attaques, plus ou moins informelles, ne se limitent désormais plus à la Chine, à la Russie et aux Etats-Unis, les trois plus grandes cyberpuissances. Elles posent d’ailleurs la question de la préparation de l’Europe, et en particulier de la France, à ces menaces d’un nouveau genre.

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