L’Ukraine tente d’affaiblir petit à petit la Russie en menant des opérations contre certaines de ses bases. La plus importante d’entre elles a eu lieu dimanche 1er juin lorsque des drones ont attaqué une base russe causant jusqu’à deux milliards d’euros de pertes à Moscou. Selon un premier bilan, 41 bombardiers russes auraient été touchés, et parmi les appareils détruits, il y aurait même le très rare espion A-50, dont le tarif à l’unité avoisine les 300 millions d’euros. Si cette opération intitulée «Toile d'araignée» a, semble-t-il, été réfléchie de longue date, Kiev ne compte pas s’arrêter là.

En effet, comme l’a appris Numerama, l’Ukraine a tenté de fragiliser son ennemi via la cyberguerre en s’en prenant à Tupolev. L’entreprise russe de défense et de conception aérospatiale, qui construit de nombreux avions, a été visée par une cyberattaque. Au total, selon les médias ukrainiens, 4,4 gigaoctets de données critiques ont été exfiltrés. Et il ne s’agit pas de n’importe quelles informations. Parmi les fichiers piratés, on retrouverait des dossiers de commandes internes, des CV d’ingénieurs, des données personnelles et une correspondance interne de la direction.

Le site internet de Tupolev inaccessible

Toutes ces informations seraient une mine d’or pour les services de renseignement ukrainiens, persuadés de détenir des éléments clés sur l’entretien des bombardiers Tu-95 et Tu-160. Preuve que cette cyberattaque a été menée à bien, des données piratées ont été diffusées sur des réseaux comme Telegram. Le 4 juin, le site internet de Tupolev était inaccessible, piraté, avec une page d’accueil affichant un hibou serrant dans ses bras un avion russe. Deux jours après, le site ne fonctionne toujours pas et semble hors ligne.

Cette cyberattaque s’inscrit-elle dans la même opération «Toile d'araignée» ? Il semblerait que oui et c’est une preuve que Kiev veut fragiliser Moscou sur tous les fronts. Comme le détaillent nos confrères, même si cette attaque peut paraître symbolique, cela a aussi pour but de montrer que la sécurité de la Russie n’est plus inviolable.

L’opération menée par l’Ukraine est «un coup sérieux pour les capacités offensives russes, et ce n’est pas la fin de ce type de campagne», décryptait de son côté, pour l’AFP, le chercheur Yohann Michel, de l’Institut d’études de stratégie et de défense de l’université Lyon III.