
Des bienfaits certes, mais pas que. Si l’ouverture à la concurrence dans le train français se développe considérablement depuis plusieurs années, une étude de près de 300 pages commandée au cabinet Groupe3E Consultants par le CSE national du Groupe SNCF montre également les effets néfastes de celle-ci. «L'ouverture à la concurrence constitue une menace pour la pérennité du système ferroviaire français», affirme le rapport, consulté par BFM TV. «L'analyse de la recette moyenne par billet fait ressortir des hausses tarifaires, sous l'effet de l'inflation et des impératifs financiers fixés par l'Etat actionnaire», peut-on lire.
Le rapport met également en exergue le non-aménagement du territoire par la concurrence grande vitesse. «La concurrence consiste surtout à saturer les liaisons profitables, sans que soit posée la question de sa valeur ajoutée pour l'ensemble du territoire», est-il écrit. C’est pourquoi les différents ministres des Transports plaident pour inciter les nouveaux entrants à se positionner sur des dessertes peut-être moins rentables mais sans contraintes.
Une fragmentation de l’offre ferroviaire
Ainsi, les lignes à grande vitesse qui se révèlent rentables ne sont que très peu nombreuses. Certaines sont même déficitaires car la demande est bien inférieure à l’offre. Mais l’opérateur déclare assurer une bonne couverture du territoire grâce au phénomène de «péréquation», c’est-à-dire que les lignes bénéficiaires financent les déficitaires. «L'ouverture à la concurrence va mettre fin au système de péréquation. La SNCF ne pourra conjuguer des objectifs financiers avec des objectifs d'aménagement du territoire», nuance le rapport.
Par ailleurs, chaque lot remporté du côté des régions conduit à la création d’autres filiales, et est à l’origine d’une fragmentation de l’offre ferroviaire. «Le service TER pâtira de coûts de désimbrication opérationnelle qui seront payés par les cheminots sur leurs conditions de travail et par les usages sur la qualité de service», précise le rapport. Enfin, les régions ont pris l’habitude de dépenser énormément en faveur de cette ouverture à la concurrence. Par exemple, pour le TER autour du Mans, les indemnités versées sont d'un million d’euros… pour chaque candidat non retenu.

















