Après que le gouvernement iranien a pris des mesures extrêmes pour limiter l'utilisation d'Internet en réponse aux manifestations pro-démocratie qui ont rempli les rues du pays depuis la mi-septembre, les entreprises de la tech occidentales se sont efforcées d'aider à rétablir l'accès des citoyens iraniens au web. Signal a demandé à ses utilisateurs d'aider à faire fonctionner des serveurs proxy avec le soutien de l'entreprise. Google a offert des crédits pour aider les Iraniens à se connecter en utilisant Outline, son propre VPN. Et en réponse à un post du secrétaire d'Etat américain Antony Blinken sur la censure en Iran, Elon Musk a rapidement tweeté : "Activation de Starlink...".

Toutefois, ces solutions de contournement ne sont pas suffisantes. Bien que les premiers satellites Starlink aient été introduits clandestinement en Iran, le rétablissement d'Internet nécessitera probablement plusieurs milliers d'autres satellites. Signal explique à la MIT Technology Review qu'il a été contrarié par "les fournisseurs de télécommunications iraniens qui empêchent la transmissions de certains codes de validation par SMS". Par ailleurs, le gouvernement iranien a déjà détecté et fermé le VPN de Google, ce qui arrive quand un seul VPN devient trop populaire (de plus, contrairement à la plupart des VPN, Outline est payant).

Qui plus est, "il n'existe aucun mécanisme fiable permettant aux internautes iraniens de trouver ces proxys", souligne Nima Fatemi, responsable de l'association mondiale de la cybersécurité Kandoo. Ils sont promus sur les réseaux sociaux qui sont eux-mêmes interdits en Iran. "Même si j'apprécie leurs efforts, ajoute-t-il, je trouve que le résultat donne quelque chose d'un peu bâclé".

Telegram et Signal ont déjà utilisé l'infrastructure cloud de Google, Amazon et Microsoft en Russie

Selon certains militants pro-démocratie ainsi que des experts en liberté numérique, la Big Tech pourrait avoir un autre moyen d'aider. Mais cette possibilité n'a guère retenu l'attention bien que plusieurs grands fournisseurs d'accès à Internet l'aient proposée il y a quelques années à peine.

Mahsa Alimardani, chercheuse spécialisée sur Internet travaillant pour l'université d'Oxford et pour Article19, une organisation de défense des droits de l'Homme qui se consacre à la liberté d'expression et d'information, indique que cette solution s'appelle le "domain fronting" (ou "domaine-écran", en français). Il s'agit d'une technique que les développeurs utilisent depuis plusieurs années pour contourner les restrictions imposées sur Internet comme celles qui, en ce moment, ont rendu la communication en toute sécurité incroyablement difficile pour les Iraniens. Par exemple, lorsqu'un internaute tape le nom d'un site sur son navigateur Internet, le domain fronting s'immisce dans la communication entre le navigateur et le site et peut ainsi brouiller ce que l'ordinateur voit en arrière-plan pour masquer la véritable identité du site final.

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