Si Annie Genevard, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, voit comme un «soulagement» la suspension durant 90 jours des droits de douane américains, elle reste toutefois sur ses gardes en estimant qu’il s’agit aussi d’«un signal fragile et réversible». Invitée sur le plateau de TF1 ce vendredi 11 avril, Annie Genevard a souligné que «demeurent les 10% d'augmentation et beaucoup d'incertitudes».

«C'est un signal qui plaide en faveur d'une forme de désescalade, c'est pour ça que la France a répondu en miroir qu'elle gelait également ses propositions de contre-mesures. Mais c'est un signal fragile et réversible, il ne faut pas être naïfs», a-t-elle affirmé. Selon la ministre, «la fermeté et l’unité de l’Europe ont pesé» sur la décision de Donald Trump de suspendre ses taxes douanières. L’Europe, «continent de 450 millions de consommateurs», doit défendre ses intérêts «sans faiblesse mais désescalader parce qu’il en va de l’intérêt de nos filières», a-t-elle soutenu.

Le risque de plonger la France dans une «impasse»

Interrogée sur une éventuelle aide financière de l’État pour les filières agricoles en difficultés, à l’instar des mesures prises en Espagne, Annie Genevard a toutefois prévenu qu’aucune compensation n’est envisagée. Reconnaissant que la perte du marché américain «serait considérable», notamment pour les filières des vins et spiritueux ou des produits laitiers, la ministre de l’Agriculture a jugé que «s’il fallait que la puissance publique compense la perte des marchés, on voit bien dans l’impasse dans laquelle nous nous retrouverions. D’abord parce que la situation budgétaire de la France est fragile, et puis parce qu’une perte si considérable de marchés aurait des incidences chaque année».

Rappelant qu’elle avait participé en début de semaine à la réunion à l’Elysée rassemblant l’ensemble des filières impactées par les droits de douane américains, Annie Genevard a tenu à préciser qu’«elles (les filières, NDLR) n’ont pas dit de compenser financièrement ce que nous pourrions perdre, parce qu’elles savent très bien que ce n’est pas possible». «En revanche, ce qu’elles disent toutes, c’est qu’il faut aller vers un regain de compétitivité, et notamment de la simplification, à la fois au niveau national et à la fois au niveau européen. C’est un cri unanime», a-t-elle assuré.