Le ministre français de l'Economie Eric Lombard a estimé mardi que la France devrait faire «plus d'efforts» budgétaires pour augmenter ses dépenses militaires, en réponse à la décision américaine de geler son aide à l'Ukraine. «Nous devrons faire plus d'efforts pour nous protéger, pour bâtir cette économie en faveur de la paix et renforcer la défense dans un modèle européen. Nous allons devoir dépenser plus d'argent public et donc effectivement, cela imposera plus d'efforts», a déclaré le ministre sur France Info.

Par rapport à la loi de programmation militaire, qui prévoit d'augmenter les crédits annuellement de 3 milliards d'euros, «il faudra aller plus vite et plus fort», a-t-il indiqué. «Quel montant et quel délai, ça fait l'objet de discussions qui seront évidemment tranchées par le président de la République, parce que les questions de défense nationale relèvent du président, avec le Premier ministre», a-t-il déclaré. Pas question en tout cas selon lui de tailler dans les dépenses sociales pour financer la défense : «on va maintenir le système de protection sociale française, ça c'est absolument essentiel», a-t-il assuré.

Mobiliser les acteurs privés

«Le premier levier pour équilibrer nos finances publiques, c'est le taux d'emploi». «Il ne faut pas rogner dans les budgets mais regarder la façon dont l'effort est partagé entre les Français», a-t-il dit. «Je ne veux pas être plus précis que cela, parce que précisément, c'est le débat qui va devoir s'engager.» Eric Lombard a aussi évoqué un apport des investisseurs privés et de l'épargne des Français. «On souhaite aussi que les acteurs privés soient mobilisés, les investisseurs, les compagnies d'assurances, les banques. Avec le ministre des Armées Sébastien Lecornu, la semaine prochaine nous réunissons à Bercy les investisseurs pour les mobiliser», a expliqué le ministre.

En revanche, il a écarté l'idée de «flécher une part plus importante» des produits d'épargne comme le Livret A vers des sociétés de défense, même s'il a souhaité davantage de «fonds spécialisés dans la défense». Emmanuel Macron n'avait pas exclu de lancer des produits d'épargne spécialisés pour que les Français participent au financement des programmes de défense.

Pas de saisie des avoirs russes

Le même jour, le gouvernement a martelé mardi son opposition à l'idée de saisir les avoirs russes gelés afin de financer la défense ukrainienne, prônée à l'Assemblée nationale par des leaders de la macronie et du PS, soutenus par Liot et les écologistes. Que les avoirs russes déposés dans l'Union européenne soient «capturés» serait «contraire aux accords internationaux» conclus par la France et l'Europe, a averti Éric Lombard. «La position de la France, c'est que ces avoirs russes (...) appartiennent notamment à la Banque centrale de Russie», a-t-il dit sur Franceinfo.

Les pays de l'UE utilisent déjà les profits dégagés par les quelque 235 milliards d'euros d'avoirs russes gelés pour aider à armer l'Ukraine et financer sa reconstruction d'après-guerre, une manne de 2,5 à trois milliards d'euros par an. En revanche, l'option d'une saisie a jusqu'ici été écartée par l'UE, essentiellement pour des raisons d'ordre juridique.