Alors que les grandes fortunes cherchent souvent à préserver ou accroître leur patrimoine, Marlene Engelhorn, héritière de l’empire industriel BASF, prend le contre-pied. Comme l'indique Le Monde, à 33 ans, cette Autrichienne multimillionnaire a choisi de rendre la quasi-totalité de sa fortune - 25 des 27 millions d’euros hérités - dans une démarche militante et radicale. Une décision qu’elle justifie sans détour : «Je n’ai pas travaillé ni fait quoi que ce soit pour mériter cet argent.»

Fille d’une des lignées les plus fortunées d’Europe, Engelhorn rejette frontalement le principe même d’héritage, qu’elle qualifie «d’injustice». Pour elle, la concentration héréditaire de la richesse constitue une menace pour la démocratie. «L’excès de richesse privée est antidémocratique», affirme-t-elle, dénonçant l’illusion selon laquelle l’argent donnerait compétence ou légitimité politique à ceux qui le détiennent.

Elle a manifesté à Davos avec une pancarte «Tax the rich»

Mais la jeune femme ne s’est pas contentée de discours. En 2024, elle confie 25 millions d’euros à une assemblée citoyenne composée de 50 Autrichiens tirés au sort, chargés de déterminer l’usage de ces fonds. Cette initiative a abouti au financement de 77 organisations œuvrant dans les domaines de l'environnement, de la santé et de la justice sociale. Les montants alloués varient entre 40 000 et 1,6 million d'euros, avec des bénéficiaires tels que l'Association autrichienne pour la protection de la nature et l'association Neunerhaus, qui aide les sans-abris.

Fondatrice du mouvement Tax Me Now, qui rassemble des personnes fortunées réclamant une taxation plus élevée des grandes fortunes, Marlene Engelhorn milite pour une réforme en profondeur de la fiscalité, à commencer par le rétablissement de l’impôt sur les successions, aboli en Autriche depuis 2008. Pour elle, il est urgent de rompre avec le «privilège héréditaire des 1 %», ces ultra-riches capables d’influencer les politiques publiques à coups de financements. Provocante pour certains, inspirante pour d’autres, elle n’a pas hésité à manifester à Davos, arborant une pancarte au slogan «Tax the Rich !» Un message on ne peut plus clair.