«La justice, c’est la condition de l’effort.» Interrogé ce dimanche 31 août sur franceinfo, BFMTV, CNews et LCI, le Premier ministre a défendu la réforme de l’abattement fiscal des retraités, qui figure dans son plan d’économies de 43,8 milliards d’euros annoncé le 15 juillet. Pour rappel, le chef du gouvernement entend transformer l’abattement actuel de 10% sur les revenus des contribuables qui ne sont plus en activité en un forfait annuel de 2 000 euros par retraité. Conséquence, alors que la déduction appliquée peut atteindre un maximum de 4 399 euros sur les revenus de 2024 déclarés au printemps 2025, elle se bornera à 2 000 euros pour un retraité célibataire ou à 4 000 euros pour un couple de retraités, si le budget pour 2026 est adopté par le Parlement… ce qui est tout sauf certain à ce stade.

Mais que changerait, concrètement, cette réforme pour l’impôt des retraités ? Elle ferait des gagnants et des perdants. Pour le locataire de Matignon, «l’évolution de la mesure va faire gagner des centaines d'euros aux retraités modestes, du bas de l'échelle». Plus précisément, ce sont environ 100 000 individus (1% des retraités) qui bénéficieraient d’une baisse d’impôt si le nouvel abattement ne joue pas sur le montant des prestations sociales - notamment les aides au logement -, relève une étude de l’Institut des politiques publiques diffusée cet été. Qui seraient ces gagnants ? Les retraités célibataires dont le revenu imposable est inférieur à 20 000 euros ou ceux en couple avec un revenu imposable cumulé sous le seuil de 40 000 euros.

Les perdants pourraient payer beaucoup plus !

Mais gagneraient-ils vraiment plusieurs centaines d’euros d’impôt, comme l’avance François Bayrou ? Les contribuables présentant des revenus inférieurs à 19 000 euros ne payant pas d’impôt sur le revenu, prenons l’exemple d’un retraité célibataire né en 1960 qui touche une pension de 19 800 euros. Aujourd’hui, avec l’abattement de 10%, il paie 122 euros d’impôt. Avec une déduction forfaitaire de 2 000 euros, son impôt baissera de 4 euros seulement, à 118 euros. Ce sera à peine mieux avec 19 500 euros de revenu imposable, puisque ce même célibataire paiera 70 euros d’impôt contre 78 euros avec l’abattement de 10%. Résultat : avec la nouvelle déduction fiscale, les foyers modestes ne gagneront que quelques euros.

Une économie d’impôt limitée, mais un supplément d’impôt plus important pour les foyers perdants. Ainsi, avec 44 000 euros de revenus, un retraité célibataire paie aujourd’hui 5 046 euros d’impôt. L’an prochain, avec un abattement limité à 2 000 euros, il devra régler 5 765 euros au fisc, soit 719 euros en plus !

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