Seulement 10 jours. C’est ce qu’il aura suffi aux 1% les plus riches de la planète pour épuiser leur part du budget carbone mondial, soit 2,1 tonnes de dioxyde de carbone, affirme l’Oxfam dans une étude parue vendredi 10 janvier. Plus précisément, il s’agit de la quantité de CO2 qui peut encore être ajoutée à l’atmosphère sans que les températures mondiales dépassent la barre de +1,5 degré, le niveau maximal fixé par l’Accord de Paris signé en 2016.

L'Oxfam a rebaptisé cette journée celle des «pollutocrates» dans une étude publiée vendredi 10 janvier. Pire, en France, les 0,1% les plus riches de la population ont épuisé leur budget carbone depuis le 7 janvier déjà. Le Français le plus riche, Bernard Arnault, a pulvérisé le record : il a dépassé son budget carbone annuel dès le 1er janvier, à 2h15 du matin. À l’inverse, il faudrait quasiment trois ans, 1 022 jours pour être exact, à une personne appartenant à la moitié la plus pauvre de la population mondiale pour épuiser sa part du budget carbone annuel mondial.

La dégradation du climat «le fait (...) de la consommation des super-riches», selon Oxfam

L’ONG s’est basée sur une estimation du niveau d’émissions de 2030 compatible avec une température de 1,5 degré. Elle l’a ensuite divisée par le nombre d'habitants que devrait compter la planète en 2030 selon les Nations unies, soit 8,5 milliards de personnes, afin d’obtenir une estimation du budget carbone de 2,1 tonnes de CO2 par personne. Selon Oxfam, le patron de LVMH émet 22, 265 tonnes de CO2 par jour. Pour la moitié la plus pauvre de la planète, ce chiffre est de 0,209 tonne de CO2 par jour et par personne.

Avec cette étude, Oxfam souhaite souligner «à quel point la dégradation du climat est le fait, de manière disproportionnée, de la consommation des super-riches». Les 1% les plus riches de la planète émettent deux fois plus que la moitié la plus pauvre de la population mondiale. «Réduire les inégalités est nécessaire pour lutter contre la crise climatique. La lutte contre le réchauffement climatique n’est pas une fatalité en 2025, on doit changer de logiciel : il est temps de faire peser le poids de la transition sur les personnes qui émettent le plus et qui ont le plus de moyens pour réduire nos émissions rapidement», avance Alexandre Poidatz, responsable plaidoyer Climat et inégalités chez Oxfam France.

En parallèle, le service européen Copernicus, qui observe le changement climatique, a publié son bilan de l’année 2024 vendredi 10 janvier. Résultat ? L’année passée a été la plus chaude jamais enregistrée depuis 1850. Elle est surtout la première à dépasser le seuil symbolique de 1,5 degré de réchauffement climatique, en comparaison avec l’ère préindustrielle.